Allemagne : La CDU et le SPD s’apprêtent à sceller une alliance

Les discussions entre les conservateurs de la CDU-CSU et les sociaux-démocrates (SPD) pour former un nouveau gouvernement allemand sont entrées dans leur ultime étape. 

«Nous progressons bien et avons surmonté de nombreux obstacles», a déclaré mardi Thorsten Frei, figure influente de la CDU. Manuela Schwesig, présidente du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale (SPD), a exprimé l’espoir d’«aboutir à un accord d’ici la fin de la semaine». Selon la presse allemande, une annonce pourrait même intervenir dès ce mercredi 9 avril.

Les conclusions de ces négociations entre les formations CDU-CSU et SPD seront déterminantes pour Friedrich Merz, futur chancelier, dont la marge de manœuvre se réduit face à une opinion publique de plus en plus sceptique. 

La CDU-CSU, qui dominait largement lors des élections législatives du 23 février avec 28,5 % des voix, voit aujourd’hui son avance s’effriter. Un récent sondage INSA pour Bild, la place désormais à égalité avec l’extrême droite (AfD), avec chacun une part de 24,5 % des intentions de vote.

«En 2017, la popularité d’Angela Merkel avait aussi décliné après les élections, mais jamais à ce point », relève Ursula Münch, directrice de l’Académie de Tutzing, expliquant cette chute en partie par le revirement de la CDU-CSU sur le « frein à la dette », une règle budgétaire sacro-sainte en Allemagne. 

Alors que Friedrich Merz en défendait le principe pendant la campagne, son parti a finalement accepté, sous la pression du SPD, la création d’un fonds de 500 milliards d’euros pour les infrastructures et une exemption pour les dépenses militaires.

Ce changement de cap a suscité l’incompréhension parmi les électeurs traditionnels de la droite. « La CDU-CSU a promis de respecter le frein à la dette, et le viole aujourd’hui ouvertement. Cela mécontente une partie de sa base », commente Uwe Jun, politologue à l’université de Trèves.

Par ailleurs, l’absence de réorientation marquée sur les questions économiques et migratoires a affaibli la crédibilité de Friedrich Merz. Certains observateurs estiment que le SPD a été le parti qui a mieux tiré son épingle du jeu, érodant la confiance dans les compétences négociatrices du futur chancelier. «C’est la rapidité avec laquelle il s’est aligné sur les positions sociales-démocrates qui irrite les militants», souligne Uwe Jun.

Dans un contexte aussi volatile, la stabilité du prochain gouvernement allemand dépendra de sa capacité à rassurer autant son électorat que les marchés. Les prochaines heures s’annoncent décisives.