De nouvelles frappes aériennes américaines au Yémen, ont ciblé vendredi le port pétrolier stratégique de Ras Issa, près d’Hodeida, provoquant l’un des bilans humains les plus lourds depuis le début de l’intervention militaire occidentale au Yémen.
Selon les dirigeants du mouvement rebelle des Houthis, au moins 58 personnes ont péri et 126 autres ont été blessées dans ces bombardements survenus alors que les équipes de secours intervenaient encore sur le site attaqué la veille par les forces armées des États-Unis.
Les images diffusées par la chaîne Al-Massira montrent d’épaisses colonnes de fumée s’élevant des installations portuaires, avec des secouristes tentant désespérément de maîtriser les incendies. « Cinq ambulanciers ont perdu la vie en accomplissant leur devoir », a déploré Anees Alasbahi, porte-parole du ministère de la Santé des Houthis.
Le Centcom américain justifie ces frappes par la nécessité de « tarir les sources de financement » du mouvement rebelle yéménite, accusé de détourner les revenus pétroliers au détriment de la population yéménite.
Cette escalade intervient dans un contexte de tensions exacerbées depuis que les Houthis ont intensifié, en novembre 2023, leurs attaques contre les navires marchands traversant la mer Rouge à destination d’Israël, une campagne présentée par les Houthis comme un acte de solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
Le mouvement chiite poursuit également ses tirs de missiles vers Israël, dont un nouveau type de missile a été intercepté vendredi matin selon l’armée israélienne.
L’administration Trump, qui a classé les Houthis sur la liste des « organisation terroriste » en mars dernier, a considérablement renforcé sa campagne militaire mi-mars contre le Yémen. Washington justifie cette stratégie par la nécessité de protéger les voies maritimes et de contrer l’influence iranienne dans la région.
Le Hamas a dénoncé une « agression flagrante » et un « crime de guerre », tandis que des manifestations anti-américaines se préparent au Yémen.
Ces frappes, combinées aux nouvelles sanctions financières imposées jeudi par Washington contre une banque yéménite, risquent d’aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique dans ce pays en proie à une décennie de conflit.
Alors que les opérations de secours se poursuivent à Ras Issa, la communauté internationale s’interroge sur l’efficacité de la stratégie militaire américaine qui, loin d’apaiser les tensions, semble alimenter un cycle de violence aux conséquences de plus en plus dramatiques pour les civils.