L’écrivain franco-algérien, Kamel Daoud visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par la justice algérienne

L’écrivain franco-algérien, Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024 pour son roman Houris, fait l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux émis par les autorités judiciaires algériennes, a confirmé mardi 6 mai, une source judiciaire à un média français.

Le premier mandat d’arrêt aurait été transmis via Interpol Algérie en mars dernier, suivi d’un second mandat au début de ce mois de mai. Ces poursuites relancent les tensions entre l’écrivain et le pouvoir algérien, déjà tendues depuis la parution de son dernier ouvrage, interdit en Algérie, pour son évocation des massacres de la « décennie noire » (1990-2000).

Me Jacqueline Laffont, avocate de Kamel Daoud, a annoncé le dépôt d’une requête urgente devant la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol pour contester ces mandats qu’elle a qualifiés d’«abusifs», affirmant que «ces procédures n’ont aucun fondement juridique sérieux et s’inscrivent dans une volonté de museler un écrivain dont le travail dérange».

Le roman Houris publié en 2024, retrace le parcours d’une rescapée de la guerre civile algérienne. Si le roman a été salué en France pour sa puissance narrative, il a valu à son auteur, une série de poursuites en Algérie. L’une d’elles, déposée devant le tribunal d’Oran, invoque une «violation de la loi sur la réconciliation nationale», un texte adopté en 2005 et qui criminalise toute remise en cause publique du récit officiel sur la guerre civile au cours de laquelle ont été exterminés plus de 300.000 personnes.

Une seconde plainte, déposée en novembre 2024 par une Algérienne, accuse Kamel Daoud d’avoir exploité son témoignage sans consentement. L’auteur, ancien journaliste au Quotidien d’Oran, récuse ces allégations, soulignant le caractère fictionnel de son œuvre. Une première audience sur ce volet de l’affaire se tient ce mercredi 7 mai devant le tribunal judiciaire de Paris.

Cette offensive judiciaire intervient dans un contexte de durcissement de la répression par les autorités algériennes, des intellectuels critiques en vue de les museler. En 2023, l’écrivain Boualem Sansal avait déjà été condamné par contumace pour « atteinte à l’unité nationale » et purge actuellement une peine carcérale de 5 ans dans une prison de son pays natal.