Le chancelier allemand, Friedrich Merz veut faire de l’Allemagne la première puissance militaire conventionnelle d’Europe

Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz a marqué sa première allocution au Bundestag par un geste politique rare en exprimant un remerciement public à son prédécesseur, Olaf Scholz, pour sa gestion de la crise ukrainienne. 

«Votre réaction à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine a montré la voie, et elle était historique. Nous vous en remercions encore aujourd’hui», a déclaré le dirigeant conservateur ce mercredi 14 mai, devant les députés. Une reconnaissance surprenante, alors que Merz n’avait pas épargné le social-démocrate Scholz de ses critiques, durant la campagne électorale, le tenant notamment, pour responsable des difficultés économiques et sociales que connait le pays.

Dans ce premier discours de politique générale, le chef du gouvernement a placé le réarmement de l’Allemagne au cœur de ses priorités, évoquant de manière plus succincte, les questions intérieures, comme l’immigration, alors que le parti de M. Merz (CDU) avait fait de la maîtrise des flux migratoires un axe majeur de son programme.

«Nous ferons de la Bundeswehr la force conventionnelle la plus puissante d’Europe», a-t-il affirmé, promettant que «le gouvernement fédéral mettra à disposition tous les moyens financiers nécessaires» pour y parvenir.

Cette ambition s’inscrit dans la continuité du «tournant historique» (Zeitenwende) initié par Olaf Scholz en février 2022, après l’invasion russe en Ukraine. À l’époque, l’ex-chancelier avait annoncé une augmentation massive des dépenses militaires, rompant avec des décennies de retenue stratégique. 

Friedrich Merz entend aller plus loin sur cette voie, estimant qu’une Allemagne forte sur le plan militaire est une «nécessité» pour le vieux continent, ajoutant que «c’est ce que nos alliés attendent de nous».

Si le nouveau chancelier a salué la décision de son prédécesseur, il a aussi rappelé sa volonté d’accélérer les réformes de la Bundeswehr, souvent critiquée pour ses lacunes logistiques et son manque de moyens, l’objectif affiché étant de doter l’Allemagne d’une armée crédible, capable de jouer un rôle central dans l’OTAN et la défense européenne.

Pour l’heure, Friedrich Merz semble vouloir concilier atlantisme et leadership européen, tout en maintenant un dialogue avec Moscou – bien qu’il ait réaffirmé son soutien « inconditionnel » à Kiev. Un équilibre délicat, dans un contexte international toujours marqué par la guerre en Ukraine et les tensions sino-américaines.