Le Premier ministre portugais de droite modérée, Luis Montenegro a remporté les élections législatives anticipées du dimanche 18 mai, mais sans parvenir à obtenir une majorité suffisante pour garantir la stabilité politique du pays.
Ce scrutin, marqué par la progression de l’extrême droite, laisse présager des négociations complexes pour former un nouveau gouvernement viable.
Selon les résultats officiels quasi-définitifs, l’Alliance démocratique (AD), coalition du gouvernement sortant, arrive en tête avec 32,7 % des voix, devant le Parti socialiste (PS) à 23,4 % et la formation d’extrême-droite Chega (Assez), qui a fait une percée avec 22,6 % des suffrages contre 18% obtenus en mars 2024, lorsque le parti avait quintuplé sa représentation parlementaire, passant de 12 à 50 députés.
Avec 89 sièges sur 230, sans les circonscriptions de l’étranger, dont les résultats seront connus dans les prochains jours, l’AD reste loin de la majorité absolue, fixée à 116 élus. Luis Montenegro, un avocat de 52 ans qui a toujours exclu toute alliance avec Chega, espérait élargir sa majorité en s’appuyant sur le parti libéral (5,5 % des voix et neuf siècles). Mais les socialistes et l’extrême-droite se retrouvent à égalité avec 58 députés chacun, compliquant toute tentative de coalition.
« Le peuple souhaite ce gouvernement. Le peuple souhaite ce Premier ministre », a déclaré Montenegro dans un discours de victoire, promettant un exécutif « à la hauteur de la confiance renouvelée des électeurs ».
Contraint à la démission en mars dernier dans un contexte de soupçons de conflits d’intérêts, le chef du gouvernement a misé sur ces élections pour sauver sa carrière politique. Cependant, ses gains restent insuffisants pour modifier durablement les équilibres à l’Assemblée nationale.
Accusé d’avoir manœuvré pour la tenue de ce scrutin afin d’éviter une commission d’enquête parlementaire sur des activités financières opaques liées à une société enregistrée à son domicile, Montenegro a défendu sa transparence, affirmant lors d’un meeting, que « personne n’a jamais été aussi clair que moi ». Des déclarations vivement contestées par l’opposition socialiste, qui l’accuse de mélanger « politique et affaires ».
Battu de justesse en 2024 après huit ans au pouvoir, le Parti socialiste subit un nouveau revers. Son leader, Pedro Nuno Santos, a annoncé sa démission à l’issue du scrutin : « Je demanderai des élections internes, auxquelles je ne serai pas candidat », a-t-il déclaré, tout en réaffirmant que Montenegro « n’est pas apte à diriger le Portugal ».
Du côté, le président de Chega, André Ventura a salué une « page d’histoire » assurant que « rien ne sera plus comme avant. Le bipartisme au Portugal est terminé ». Une déclaration qui résume les bouleversements en cours dans le paysage politique portugais, désormais plus fragmenté que jamais.
La formation du prochain gouvernement s’annonce incertaine, avec un Premier ministre affaibli et une extrême droite déterminée lui compliquer la tâche et à peser sur l’échiquier national.