Le processus de paix entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le gouvernement turc connaît un sérieux ralentissement. À la veille d’une cérémonie de désarmement annoncée comme imminente, le PKK a dénoncé mercredi 2 juillet, l’inaction d’Ankara, estimant que les engagements pris par le gouvernement d’Erdogan n’ont pas été tenus.
«Nous sommes prêts, mais c’est le gouvernement turc qui n’a pas pris les mesures nécessaires», a déclaré Mustafa Karasu, l’un des membres fondateurs et cadres influents du PKK, à la chaîne Medya Haber, proche du mouvement.
Des commandants du PKK, basés au nord de l’Irak, avaient récemment évoqué une possible cérémonie de désarmement entre le 3 et le 10 juillet, présentée comme un geste de bonne volonté de leur formation, mais aucune date précise n’a été confirmée par Ankara, et Karasu se montre prudent quant à la tenue de l’événement.
Il dénonce par ailleurs des tentatives de sabotage au sein même de l’État turc : « Un groupe cherche à faire échouer le processus. L’État n’a pris aucune mesure significative permettant d’envisager une avancée». Karasu accuse également l’armée turque de poursuivre ses opérations contre les positions du PKK dans les zones montagneuses du nord irakien.
Le responsable kurde s’inquiète également des conditions de détention d’Abdullah Öcalan, fondateur et leader du PKK, incarcéré en isolement depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali. Aujourd’hui âgé de 76 ans, ce dernier, avait appelé en février dernier, à la dissolution du mouvement kurde et à l’abandon de la lutte armée. Un message de sa part était attendu lors de la cérémonie de désarmement.
Si le président turc, Recep Tayyip Erdogan a récemment fait savoir qu’il rencontrerait une délégation du parti pro-kurde DEM, Mustafa Karasu estime que le processus est aujourd’hui «bloqué par l’attitude du gouvernement», tout en réaffirmant la volonté du PKK de mener le dialogue à son terme. Ces tensions compromettent une issue pacifique à un conflit qui a fait plus de 45.000 morts depuis près de 40 ans.