Au lendemain de l’annonce d’un plan gouvernemental libanais visant à désarmer le Hezbollah d’ici la fin de l’année, le mouvement chiite a vivement réagi, mercredi 6 août, en dénonçant une décision « gravement fautive » et affirmant qu’il agirait « comme si elle n’existait pas ».
Le projet, confié à l’armée libanaise, constitue une première depuis l’accord de Taëf (1990), qui avait mis fin à la guerre civile au Liban. Le Hezbollah, seul groupe armé à avoir conservé ses armes sous prétexte de « résistance » contre Israël, voit dans cette initiative « une soumission aux injonctions de l’émissaire américain, Tom Barrack » et « un cadeau offert à Israël ».
À Téhéran, le ministre iranien des Affaires étrangères a réitéré son soutien au Hezbollah tout en précisant que « le désarmement est une décision qui revient exclusivement au mouvement lui-même ».
La décision s’inscrit dans le cadre du cessez-le-feu négocié fin novembre 2024 sous médiation américaine, après plus d’un an de heurts entre Israël et le Hezbollah. L’accord prévoit que seuls six corps sécuritaires officiels sont autorisés à porter des armes.
Mais la tension reste vive. Mercredi, une frappe israélienne sur la ville de Tulin, dans le sud du Liban, a fait un mort et un blessé, tandis que d’autres frappes ont visé des dépôts d’armes présumés du Hezbollah. Le parti chiite refuse toute discussion sur son arsenal tant que les frappes israéliennes ne cessent pas.
Sur le plan politique, plusieurs ministres affiliés au Hezbollah ou au mouvement Amal ont quitté la réunion du Conseil des ministres mardi, dénonçant une « mainmise américaine sur les décisions souveraines libanaises ».
En revanche, des partis d’opposition comme les Forces libanaises et les Kataëb ont salué une décision « historique », y voyant un pas décisif vers la souveraineté nationale.
Le Conseil des ministres doit se réunir à nouveau jeudi pour poursuivre l’examen du plan, dont les modalités précises n’ont pas encore été détaillées.