La rue s’embrase en Serbie, entre opposants et soutiens du président Vucic

La Serbie a connu, jeudi 14 août, une deuxième nuit consécutive de heurts entre opposants et partisans du président nationaliste serbe, Aleksandar Vucic, sur fond d’une crise politique persistante. Les deux camps s’accusent mutuellement de chercher à aggraver les tensions.

Au lendemain d’affrontements ayant fait des dizaines de blessés et donné lieu à de nombreuses interpellations, de nouveaux rassemblements ont eu lieu dans une trentaine de villes du pays. 

Selon le ministre de l’Intérieur, Ivica Dacic, au moins 42 policiers ont été blessés, dont 26 à Belgrade, et 37 manifestants arrêtés. « Il ne s’agit plus de manifestations pacifiques d’étudiants, mais d’une attaque contre l’État », a-t-il déclaré.

Le mouvement de contestation a débuté en novembre 2024, après l’effondrement d’un auvent en béton à la gare de Novi Sad, qui a fait 16 morts. Les manifestants avaient rapidement imputé la tragédie à la corruption. Jusqu’à récemment, les rassemblements étudiants, parfois massifs, s’étaient déroulés pacifiquement.

Jeudi soir, à Novi Sad, des manifestants encagoulés ont dégradé trois locaux du Parti progressiste serbe (SNS) de M. Vucic, brisant des vitrines et projetant œufs et peinture. Aucun militant ne se trouvait sur place. 

A Belgrade, des rassemblements devant le siège du gouvernement, l’état-major de l’armée et les locaux du SNS ont été contenus par la police antiémeute. Des engins pyrotechniques ont été lancés vers des sympathisants du parti, entraînant des ripostes policières, notamment l’usage de gaz lacrymogène.

Pour Aleksandar Petrovic, avocat et manifestant à Belgrade, « le pouvoir cherche à intimider les citoyens et à briser la révolte ». De son côté, le président Vucic accuse, au contraire, les protestataires de violences et promet des sanctions sévères pour éviter « une guerre civile ». Les étudiants contestataires affirment, eux, que la police a protégé les partisans du parti SNS.

Malgré un remaniement gouvernemental et l’arrestation de plusieurs ex-ministres, les manifestants exigent depuis mai des élections anticipées, rejetées par M. Vucic, qui dénonce un complot étranger visant à renverser son pouvoir.