Bolivie-Présidentielle : Deux candidats de droite s’affronteront au second tour du scrutin

La Bolivie semble avoir tourné une page majeure de son histoire politique. Pour la première fois en vingt ans, aucun candidat de gauche ne participera au second tour de l’élection présidentielle, prévu le 19 octobre. Dimanche 17 août, les électeurs ont propulsé deux figures de la droite en tête du scrutin, marquant la fin d’une ère ouverte par Evo Morales en 2006.

Le sénateur Rodrigo Paz, héritier d’une dynastie politique et fils de l’ancien président Jaime Paz Zamora, a créé la surprise en arrivant en tête avec 32,1 % des suffrages, selon un décompte rapide du Tribunal suprême électoral. 

L’ex-chef de l’État Jorge “Tuto” Quiroga, président intérimaire entre 2001 et 2002, talonne Rodrigo Paz avec 26,8 % de voix. Le score de l’homme d’affaires, Samuel Doria Medina, longtemps favori, s’effondre à 19,8 % des suffrages.

Le scrutin s’est déroulé dans un climat tendu, marqué par une inflation record de 25 %, une pénurie de devises et de carburants, et un effondrement de la croissance depuis la baisse des revenus gaziers en 2017. 

Éreintée par cette crise, la population a sanctionné le président sortant Luis Arce, qui avait renoncé à briguer un second mandat, ainsi que les candidats du Mouvement vers le socialisme (MAS).

“Je veux un changement. La gauche nous a fait beaucoup de mal”, confie Miriam Escobar, retraitée de La Paz. Ce sentiment est partagé par une partie d’un électorat lassé par les divisions internes du MAS et la confrontation entre Arce et Morales. 

Ce dernier, écarté juridiquement de la course et affaibli par des accusations judiciaires, conserve un noyau dur de partisans, mais son mouvement est fracturé.

Rodrigo Paz promet un modèle “centré sur le peuple plutôt que sur l’État”, axé sur la lutte contre la corruption et un allègement fiscal. Son rival, Jorge Quiroga, mise sur “un changement radical” et une rupture claire avec l’étatisme hérité du “cycle Morales”.

Pour le politologue Daniel Valverde, “le pire ennemi de la gauche a été la gauche elle-même”. L’échec électoral du MAS consacre ainsi une recomposition profonde de la scène politique bolivienne.