À l’occasion de la visite historique de Donald Trump au Royaume-Uni, les gouvernements britannique et américain ont dévoilé un programme d’investissements transatlantiques évalué à 173 milliards d’euros. Un chiffre spectaculaire que le Premier ministre Keir Starmer, fragilisé sur le plan intérieur, présente comme une preuve de la vitalité économique britannique.
Les annonces phares concernent le secteur technologique : Microsoft s’engage à investir 25 milliards d’euros sur quatre ans, dont la moitié dédiée au cloud et à l’intelligence artificielle, tandis Google prévoit 5,8 milliards d’euros pour renforcer ses infrastructures et sa R&D. Le projet Stargate UK, mené par OpenAI et Nvidia, vise à développer des capacités d’IA de grande envergure dans le nord-est de l’Angleterre.
Cependant, plusieurs analystes tempèrent l’enthousiasme officiel. Nick Clegg, ancien vice-premier ministre britannique, estime que le Royaume-Uni se contente « essentiellement de récupérer les miettes de la Silicon Valley ». Ces investissements, dont une partie était déjà planifiée, s’inscrivent dans une stratégie globale des géants tech plutôt que dans une dynamique spécifiquement britannique.
Le fonds Blackstone promet ainsi 104 milliards d’euros sur dix ans sans préciser les secteurs concernés, tandis que l’engagement pharmaceutique de GSK (25 milliards d’euros aux États-Unis) s’inscrit dans une tendance de relocalisation déjà amorcée. « Une partie de cette somme était destinée à être investie aux États-Unis de toute façon », note Steve Clayton, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Cette visite révèle les tensions stratégiques du Royaume-Uni post-Brexit, contraint de multiplier les partenariats tout en voyant ses fleurons industriels s’implanter outre-Atlantique. Derrière les annonces milliardaires se dessine une relation asymétrique où Londres risque de devenir un partenaire technologique secondaire plutôt qu’un égal.

