La crise politique malgache a connu un développement spectaculaire ce week-end avec la fuite du président Andry Rajoelina, qui a déclaré avoir quitté le pays pour « protéger sa vie » face à la dégradation de la situation sécuritaire.
Cette décision intervient après le ralliement, samedi, d’une unité militaire d’élite au mouvement de protestation populaire qui secoue la Grande Île depuis plusieurs semaines.
Dans un discours diffusé dans la nuit sur sa page Facebook officielle, après que des soldats eurent tenté de prendre le contrôle des médias publics, le chef de l’État indésirable a dénoncé « une tentative illégale de prise de pouvoir » tout en appelant au dialogue. Il n’a toutefois pas précisé sa localisation actuelle, bien que des sources médiatiques spécialisées affirment qu’il aurait quitté le pays à bord d’un avion militaire français, une information que Paris refuse de commenter.
La rébellion du CAPSAT, cette unité d’élite qui avait pourtant joué un rôle déterminant dans l’accession au pouvoir de Rajoelina suite au coup d’État de 2009, marque un tournant décisif dans la crise politico-sécuritaire à Madagascar.
Le commandant Michael Randrianirina a affirmé que ses hommes contrôlaient désormais l’ensemble des forces armées, tout en niant mener un coup d’État, laissant « au peuple malgache de décider de la suite des événements ».
Sur le terrain, la situation reste tendue mais calme. Des soldats circulant en véhicules blindés ont été acclamés par la population dans les rues d’Antananarivo, tandis que d’importantes manifestations, initialement déclenchées par des coupures chroniques d’eau et d’électricité, continuent de réclamer la démission du président.
L’ampleur de l’isolement du pouvoir s’est confirmée avec l’exil de l’ancien Premier ministre et d’un proche conseiller présidentiel vers l’île Maurice, dont les autorités ont exprimé leur mécontentement contre cet atterrissage non autorisé. Cette crise constitue la plus grave menace pour le régime du président Rajoelina depuis son élection, ravivant les divisions historiques autour de la question sensible de sa nationalité française, obtenue en 2014.