L’Otan se réunit pour renforcer sa riposte après des incursions aériennes russes dans le ciel européen

Réunis en urgence à Bruxelles ce mercredi 15 octobre, les ministres de la Défense de l’OTAN ont travaillé à l’élaboration d’une réponse coordonnée face à la multiplication des incursions aériennes russes en Europe. Cette consultation de haut niveau intervient après une série d’intrusions jugées sans précédent, dont certaines ont contraint l’Alliance à une réaction militaire inédite.

La situation a particulièrement culminé en septembre dernier lorsqu’une vingtaine de drones russes ont pénétré l’espace aérien polonais, obligeant l’OTAN à procéder à leur interception – une première depuis 1949. Peu après, l’Estonie connaissait à son tour une intrusion de chasseurs MiG russes durant douze minutes, établissant un record de durée. Ces événements ont accéléré le déploiement de l’opération « Eastern Sentiny » pour renforcer la surveillance du flanc est, mais de nombreux experts estiment nécessaire d’aller plus loin.

La principale avancée discutée concerne une révision profonde des règles d’engagement, visant à accorder une flexibilité accrue au commandement militaire de l’Alliance. L’objectif est d’harmoniser des procédures actuellement disparates entre les différents systèmes de défense aérienne des États membres, qui peuvent parfois retarder la réaction opérationnelle. Le Secrétaire général Mark Rutte a ouvert les travaux en soulignant cette nécessité : « Comment faire en sorte que nous puissions faire encore plus pour protéger l’OTAN contre ces nouveaux développements ? »

La coordination avec l’Union européenne figurait également à l’agenda. Bruxelles a proposé un « mur » anti-drones que l’OTAN juge complémentaire à ses propres dispositifs, à condition que l’Alliance conserve la primauté stratégique. « Elle doit rester maître d’œuvre en indiquant à l’UE ce qu’il convient de faire », a précisé un diplomate européen.

Les ministres ont par ailleurs rencontré leur homologue ukrainien Denys Chmygal, venu rappeler l’importance d’un soutien durable. Les aides déjà concrétisées – deux milliards de dollars financés par les Pays-Bas et pays scandinaves, auxquels s’ajoutent des engagements allemands et canadiens de 500 millions chacun – démontrent une mobilisation certaine, mais que Kiev souhaite voir pérennisée.

La perspective d’une nouvelle étape qualitative se dessine avec l’éventuelle fourniture de missiles Tomahawk à longue portée, dont l’autorisation par la Maison Blanche pourrait être annoncée lors de l’entretien entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky vendredi prochain. Le ministre finlandais de la Défense, Antti Hakkanen, a résumé le sentiment général : « Les armes à longue portée sont essentielles pour l’Ukraine et auraient un impact évident. »

Cette réunion marque ainsi une étape significative dans l’adaptation de l’Alliance à de nouvelles formes de provocations aériennes, où la crédibilité dissuasive repose sur la combinaison d’une posture militaire ferme et d’une cohésion politique renforcée.