Alors que l’Organisation des Nations Unies (ONU) célèbre le 80e anniversaire de sa Charte fondatrice, l’institution affronte une crise existentielle. Entre paralysie politique et tensions financières, l’organisation peine à remplir son mandat initial de préserver les générations futures du fléau de la guerre.
Née des cendres de la Seconde Guerre mondiale, l’Organisation des Nations Unies succédait à la Société des Nations (SDN) qui avait échoué à prévenir un nouveau conflit mondial. « La SDN manquait de force contraignante et n’avait pas réussi à empêcher les agressions des dictatures fascistes et nazies », rappelle l’historienne Chloé Maurel, spécialiste de l’ONU.
Au fil des décennies, l’organisation a considérablement élargi son champ d’action, passant du maintien de la paix aux droits humains, puis au développement et aujourd’hui aux enjeux transnationaux comme le climat ou l’intelligence artificielle. « L’ONU reste le forum universel le plus précieux pour traiter ces questions », estime la spécialiste.
Pourtant, l’architecture institutionnelle de 1945 montre 80 ans après, ses limites. Le droit de veto, utilisé près de 300 fois par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, paralyse fréquemment l’organisation et ses résolutions. « C’est un mécanisme non-démocratique : ces cinq puissances ne représentent plus que 30% de la population mondiale », relève Mme Maurel.
La situation financière de l’institution mondiale est tout aussi critique. Les États-Unis, premier contributeur, doivent à l’ONU, 1,5 milliard de dollars de cotisations impayées, ce qui constitue «l’une des crises de liquidité les plus importantes de son histoire », alerte Camille Bayet, doctorante en science politique ajoutant que compte tenue de ce déficit budgétaire, l’ONU prévoit de réduire d’un quart les effectifs de ses opérations de maintien de la paix, soit environ 13.000 à 14.000 membres de son personnel.
Malgré ces défis, les experts soutiennent que l’ONU reste irremplaçable. «L’organisation résiste aux crises. Les alternances politiques passent, mais le forum universel demeure », analyse Camille Bayet.
Alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a lancé une initiative de réforme, le défi consiste à moderniser une institution dont le monde a plus que jamais besoin, mais dont le modèle doit évoluer pour retrouver sa pertinence et un peu plus de vigueur et d’efficacité.

