Le Sénat brésilien détient la clé d’une importante réduction de peine pour l’ex-président Bolsonaro

La proposition de loi sur l’exécution des peines adoptée la semaine dernière par la Chambre des députés brésilienne continue de susciter une vive controverse dans le pays. 

Le dimanche 14 décembre, des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue dans plusieurs grandes villes du Brésil pour dénoncer un texte perçu comme une manœuvre visant à réduire les peines infligées à l’ancien président d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, actuellement incarcéré.

Âgé de 70 ans, Jair Bolsonaro a commencé à purger sa peine fin novembre dans les locaux de la Police fédérale à Brasilia. Condamné en septembre par la Cour suprême à l’issue d’un procès historique, il a été reconnu coupable d’avoir dirigé une « organisation criminelle » ayant conspiré pour se maintenir au pouvoir après sa défaite à l’élection présidentielle de 2022. Selon les autorités judiciaires, il pourrait rester environ huit ans en prison avant de bénéficier d’une éventuelle réduction de sa peine carcérale.

La réforme adoptée par les députés, qui s’applique à l’ensemble du système pénal et non exclusivement à l’ex-chef de l’État, pourrait toutefois réduire sa peine à deux ans et quatre mois. Porté par une majorité conservatrice, le texte a été approuvé par 291 voix contre 148, à l’issue d’un débat houleux.

Au Sénat, où l’équilibre politique est plus nuancé, plusieurs élus ont déjà exprimé leurs réserves. Le sénateur centriste Alessandro Vieira a qualifié la proposition de « cheval de Troie », estimant qu’elle entraînerait une réduction excessive des peines pour des délinquants de droit commun. Il a annoncé son intention de voter contre le texte.

De son côté, Flávio Bolsonaro, fils aîné de l’ancien président et figure montante du camp conservateur, s’est dit prêt à accepter des modifications afin de faciliter son adoption. Les bolsonaristes y voient une « première étape », alors que leurs tentatives d’obtenir une amnistie totale ont jusqu’ici échoué.

Si le Sénat ne se prononce pas sur cette réforme, avant la fin de la session parlementaire, la discussion sera reportée à 2026, année électorale. Même en cas d’adoption, le président Luiz Inácio Lula da Silva pourrait opposer son veto, que le Parlement aurait néanmoins la possibilité de lever.

Dans sa version actuelle, le texte prévoit également une libération conditionnelle pour des dizaines de partisans de Jair Bolsonaro condamnés pour les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia. Présentée par ses défenseurs comme un « geste de réconciliation », la réforme est dénoncée par ses opposants comme une atteinte à l’État de droit, dans un Brésil toujours profondément polarisé.