Il était temps que le Maroc remette les pendules à l’heure en commençant par mettre fin à sa politique de la chaise vide au sein de l’organisation panafricaine. C’est le but du voyage impromptu que le chef de la diplomatie marocaine, Saâd-Eddine El Othmani vient d’effectuer en ce début de semaine a Addis-Abeba, où se tenaient les 29 et 30 janvier, les assises du 18ème sommet africain. Il est allé tâter le pouls des dirigeants africains et baliser le terrain pour un retour dans les brefs délais, du Maroc au sein de l’Unité Africaine (UA), qu’il avait quitté en 1984 en guise de protestation contre l’admission de la RASD (république sahraouie) en tant qu’Etat membre de l’OUA. Depuis lors, la diplomatie marocaine a toujours pratiqué la politique de la chaise vide. Mais, entretemps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et avec l’avènement du printemps arabe, et le pouvoir a changé de mains dans de nombreux pays africains, notamment en Libye, où le régime de Kadhafi, principal soutien et grand pourvoyeur de fonds au Polisario, a tout simplement disparu. Dans la foulée, 18 sur environ 30 Etats africains ont retiré leur reconnaissance à la RASD. N’empêche que des foyers de résistance hostiles au Maroc et à la marocanité de ses provinces du sud, persistent encore au sein de l’UA et à leur tête l’Afrique du sud et l’Algérie. Pour contrer cette résistance et avant de se rendre dans la capitale éthiopienne, El Othmani est allé à Alger, pour sa première visite officielle à l’étranger, le but étant bien entendu, d’ouvrir une nouvelle page avec nos voisins de l’est, quitte à mettre de côté les sujets qui fâchent. Le gouvernement Benkirane fraichement désigné après les législatives du 25 novembre dernier, chercherait à mettre à profit, tous les changements intervenus dans le continent noir, pour mieux se repositionner sur l’échiquier diplomatique international. Pour un retour en force du royaume chérifien sur la scène africaine, le ministre des affaires étrangères s’est fait entendre à Addis-Abeba, par les chefs d’état de cinq pays africains (Bénin, Guinée Equatoriale, Gabon, Côte d’Ivoire, Ethiopie) et rencontré les chefs de délégations d’autres pays. Il a de même saisi l’opportunité d’inviter ses homologues de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) pour tenir la réunion extraordinaire de leur Conseil exécutif en juin prochain au Maroc qui aspire à faire partie du Comité de réorganisation du CEN-SAD.
Au 18ème sommet de l’UA, plusieurs chefs d’états africains ont de nouveau, plaidé en faveur du retour du Maroc au sein de l’UA. «L’Union Africaine ne peut se passer d’un pays aussi important que le Maroc », déclarait à l’ouverture du sommet, le président tunisien, Moncef Marzouki, affirmant que c’est là «une anomalie majeure qu’il faut corriger». Son homologue burkinabé, Blaise Compaoré s’est même proposé de jouer un rôle de médiation en faveur de ce retour. El Othmani fait ainsi une bonne percée pour un début de carrière, pourvu que ça continue.
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