La tempête soulevée par l’importante hausse des prix à la pompe n’est pas prête de s’arrêter. Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane essuie les coups d’une décision aussi impopulaire qu’incompréhensible, y compris dans les rangs de son propre parti.
Car l’impact de l’augmentation sur les prix des autres produits de large consommation n’est qu’une question de temps : transports publics, fruits et légumes, viandes, poissons, aucun secteur ne peut fonctionner sans carburants. Pourtant, Najib Boulif fait tout pour convaincre les gens du contraire. Sans sourciller, le ministre de la gouvernance jure à qui veut l’entendre, que l’augmentation de 20% et 10% sur les prix de l’essence et du gasoil ne touchera pas le pouvoir d’achat des couches populaires. Plus grave encore, Benkirane prétend que les propriétaires de voitures n’ont pas besoin d’aide. En prenant les choses de la sorte, le chef du gouvernement islamiste fait preuve d’une ahurissante méconnaissance de la réalité. Les centaines de milliers d’automobilistes qui se mettent en quatre pour disposer d’un moyen de transport devenu indispensable, ne sont pas tous aisés. Au contraire, ils deviennent les propriétaires privilégiés d’un véhicule au prix de mille sacrifices et au bout de mille autres privations et traites à payer. Ce faisant, ils contribuent de surcroît à soulager énormément des transports publics souvent défaillants. N’y avait-il pas des moyens plus ciblés pour alléger la pression sur la Caisse de compensation qui grève lourdement, il faut le reconnaître, la trésorerie publique ? En tout cas, l’augmentation a eu l’effet d’un véritable choc parmi la population. Ceci, d’autant plus que Benkirane était attendu prioritairement sur la lutte contre la corruption et les privilèges, la réforme de l’administration, etc. Des dossiers qui sont autant de promesses électorales du PJD et qui ont été relégués au second plan, voire carrément oubliés. A voir les réactions des internautes sur les réseaux sociaux, Benkirane en prend pour son grade. L’un des usagers du web a eu cette réaction à chaud : « Benkirane a soulagé les comptes de l’Etat et étouffé le citoyen ».