Nadia Yassine, fille du leader islamiste Abdeslam Yassine, veut moderniser la stratégie de communication de l’association fondamentaliste et imite pour cela les méthodes utilisées par le Front National, parti politique français d’extrême droite. En effet, Nadia Yassine, à la manière de Marine le Pen, veut se positionner comme celle qui donnerait une certaine respectabilité à son mouvement, effectuant ainsi une « mise à jour » de la doctrine extrémiste établie et défendue par son père, le Cheikh Abdeslam Yassine. Candidate à sa succession, Nadia Yassine veut apparaître comme celle qui aura modernisé Al Adl Wal Ihssane, en repeignant la façade de l’association islamiste du vernis de la respectabilité. Pour cela elle s’est fendue récemment d’une déclaration à l’Agence France Presse dans laquelle elle tempère-en façade- les ambitions de la Jamaa : « On peut dire haut et fort que le mouvement Justice et bienfaisance n’appelle pas à l’instauration d’un Etat religieux et qu’il est favorable à un Etat civil… C’est la première fois que nous le disons de manière aussi explicite parce que le contexte, lié notamment à l’émergence du Mouvement 20 février, l’exige ». En niant le fait de vouloir instaurer un état religieux au Maroc, Justice et bienfaisance, opère un changement de discours qui peut laisser perplexe. En effet, selon certains spécialistes, le mouvement du 20 février qui est un mouvement multiple, aurait amené Justice et Bienfaisance à être moins ambigu dans ses revendications et à formuler de manière plus claires ses positions idéologiques. Dans cette optique, la Jamaa a décidé de changer son fusil d’épaule en termes de communication politique, et souhaite se « respectabiliser » et faire moins peur, notamment aux élites marocaines pour lesquelles la Jamaa est synonyme d’extrémisme, de recul des idéaux démocratiques, et de promotion d’un agenda caché visant l’instauration à terme d’une « République Islamique » à l’iranienne.Cette déclaration de Nadia Yassine pourrait d’ailleurs s’insérer en toute logique dans la pratique habituelle d’ Al Adl Wal Ihssane d’avancer masqué, avec plusieurs objectifs inavoués à la clef. D’une part, permettre à l’association islamiste de continuer à coexister des comme l’une des différentes composantes du mouvement du 20 février, et d’autre part, prendre le leadership d’un bloc contestataire islamiste. Ceci est d’autant plus vrai, que Justice et bienfaisance avait été accusée par les autorités marocaines de manipuler le mouvement des jeunes.Par ailleurs, Nadia Yassine s’est même exprimée au sujet de la laïcité! En soutenant que certes, une laïcité à la française était inenvisageable mais que la question devait être débattue ultérieurement : « La laïcité exige un débat et ce n’est pas l’heure des débats pour l’instant. Pour l’instant, on est dans la revendication. Nous sommes à l’écoute de ces jeunes qui ont des revendications beaucoup plus simples et beaucoup moins philosophiques ». Ne manque plus qu’un débat sur l’identité nationale pour être tout à fait en phase avec Marine le Pen…
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