Le 8 mars est l’occasion traditionnelle de souhaiter aux femmes tant de bonnes choses et d’espérer que leur longue quête d’équité soit un jour récompensée. C’est le cas au Maroc comme partout ailleurs. Mais, au Maroc, c’est de surcroît l’occasion de mesurer combien le parcours de la femme a changé en l’espace d’une génération, et combien il demeure si fragile.
Car, à regarder quelques décennies en arrière, quel chemin de parcouru. Rien à voir entre les années 70 et aujourd’hui. Et après des siècles de confinement derrière les murs, la femme est désormais présente partout. Au bureau, dans l’enseignement et la santé, dans les rangs de la police où on voit de plus en plus de femmes dans les carrefours de nos villes. Elles sont aussi présentes dans les métiers pénibles du nettoyage, dans le commerce informel, la vente de pain et autres harcha… Bien sûr, c’est grâce à leur courage et à leur détermination que les femmes sont allées à l’assaut de l’épanouissement et de la liberté par le travail. Mais, c’est aussi grâce aux hommes qui se sont affranchis des préjugés et des traditions héritées d’un passé qui s’était figé dans le temps. Plus rationnels, moins angoissés par leurs doutes séculaires, ils ont aidé leurs filles, leurs épouses, leurs mères et leurs soeurs à avancer sans regarder en arrière.
Pourtant, cette lente ascension vers l’affranchissement n’est pas un acquis définitif. Il risque au contraire d’être remis en cause si la société, dans toutes ses composantes, n’y prend garde. Car, la vague de repli identitaire et de culpabilisation ambiante menace le fruit de décennies de lutte ardue et difficile. A cause de la montée des traditionalismes, la menace pèse sur une lente évolution qui a vu la femme accéder à toutes sortes de responsabilités, publiques et privées, qui a vu émerger des dirigeantes d’entreprises, des professeurs d’université éminentes, des chefs de partis politiques, des sportives portées au pinacle…
Bien sûr, ces craintes peuvent paraître surdimensionnées. Mais le seul fait de voir le machisme ambiant au gouvernement, où la gente féminine est représentée par une simple et unique ministre, invite à redoubler de prudence.