Benkirane monte ce lundi au perchoir pour une prestation devant un hémicycle de nouveau à moitié vide, ce qui constitue pour le chef du gouvernement un autre défi après celui qu’il a essuyé il y a moins de deux semaines à la Chambre des Conseillers.
Le plus étonnant, ce n’est pas tellement de savoir que les partis de l’opposition boycottent la séance mensuelle du chef du gouvernement dédiée aux questions des politiques publiques. L’opposition l’a déjà fait au cours des séances précédentes pour protester contre la propension de Abdelilah Benkirane à monopoliser la parole. L’opposition se sent en droit de refuser que le chef du gouvernement transforme ses passages devant le Parlement en harangues pré-électoralistes. De con côté, Abdelilah Benkirane refuse de se plier aux demandes de l’opposition, ce qui rend les séances mensuelles quasiment sans intérêt. Toutefois, le fait nouveau et qui est tout à fait déroutant, c’est que le RNI se rallie, lui aussi, au boycott. Un boycott d’autant plus incompréhensible que le parti de Salaheddine Mezouar se trouve en négociations avec le chef de l’exécutif pour la constitution d’une nouvelle majorité.
Ce n’est pas la première des incohérences des politiques, mais elle reflète certainement les intentions de Benkirane comme celles de Mezouar. Le premier, sans le laisser apparaître entièrement, a absolument besoin du second pour recoller une majorité qui a volé en mille morceaux après la sortie tonitruante de Hamid Chabat. Quant à Mezouar, il est parfaitement conscient de l’enjeu et essaie de négocier au mieux l’adhésion de son parti à une future majorité. Mais, ce n’est pas gagné d’avance. Des voix s’élèvent parmi les islamistes du PJD pour rejeter les exigences de modification du programme gouvernemental et de l’architecture de l’exécutif posées par le RNI, les qualifiant de simple chantage.
Certains même crient au loup dans la bergerie, redoutant que Salaheddine Mezouar soit tenté de jouer le même rôle que l’istiqlalien Chabat dans l’éclatement de la majorité.