La réaction dédaigneuse du chef du gouvernement à la marche de protestation syndicale du 6 avril n’enlève rien au malaise ressenti par les travailleurs et employés, ni à la colère compréhensible des syndicats du fait de l’impasse du dialogue social avec l’exécutif.
Les centrales syndicales accusent le gouvernement d’avoir sévèrement grevé le pouvoir d’achat des petites bourses, à cause des hausses des prix successives décidées par l’exécutif. Avant d’appeler à la « marche de la colère » dimanche, les syndicats UMT, CDT et FDT avaient adressé, en février, un mémorandum revendicatif au gouvernement, réclamant la reprise du dialogue social. Pourtant, Abdelilah Benkirane ne voit dans les critiques des syndicats que de simples tentatives de parasitage. Visiblement remonté après le récent échec de la grève des boulangeries, le chef de l’exécutif revendique même un soutien populaire aux décisions de son cabinet, en dépit de leur caractère souvent impopulaire. Et c’est à peine s’il a concédé une reprise du dialogue pour le 15 avril, mais avec chaque syndicat à part. En tout cas, l’invitation laconique parvenue aux centrales syndicales est loin de susciter leur enthousiasme.
Entre-temps, les préparatifs vont bon train pour réussir la marche de Casablanca. Si les trois syndicats ont reçu le soutien de l’UGTM du fougueux Hamid Chabat, ils tiennent à ce que tous les marcheurs se rallient sous les mêmes bannières blanches, portant uniquement des slogans. En agissant de la sorte, les syndicats tiennent à enlever tout argument à Benkirane de prétendre que la marche est politiquement téléguidée.