Mais où donc sont passés les partis politiques depuis le démarrage de la campagne en faveur de la réforme constitutionnelle ? c’est la question que se posent de nombreux observateurs de la vie politique marocaine, au vu de la faible mobilisation des « masses populaires » lors des différents tournées organisés par les partis. Hormis l’Istiqlal, qui a quand même réussi à réaliser de petits « scores », ainsi que le PJD à Taza qui a vu une affluence record pour écouter un Abdelilah Benkirane de plus en plus inspiré et qui se situe désormais à la pointe de la lutte anti « 20 février ». Côté partis traditionnels, le RNI semble avoir beaucoup de mal à remplir les salles alors que l’USFP ainsi que le MP comptent sur des clientèles locales de plus en plus éparses pour venir écouter des discours monocordes de dirigeants fatigués. En effet, la véritable question autour de ce tour de chauffe qui sonne comme un prélude aux futures législatives est la capacité du Maroc a fabriquer des figures charismatiques politiques à l’aube d’échéances cruciales. C’est là le véritable enjeu d’une campagne référendaire qui a vu la ré-émergence de la puissance de feu des confréries religieuses, dont la fameuse confrérie soufie « Tariqa Boutchichiya , » qui a presque réussi on pari de mobiliser un million de manifestants à Casablanca dimanche dernier. Autre variable importante à prendre en compte, il n’y aura pas eu pour les partis politiques de « prime à la constitution », les marocains estimant dans leur grande majorité que la réforme actuelle est à mettre au crédit combiné de Mohammed VI et du « Printemps arabe », et qu’en aucun cas, les partis politiques n’ont su faire preuve de créativité pour accompagner la réforme actuelle, leurs propositions à la commission ad hoc se bornant à des mesures « cosmétiques ». Se pose ainsi avec acuité la question de la place du politique au sein de l’espace public marocain reconfiguré par la nouvelle constitution : saura t il créer sa place ou bien faudra t il qu’il attende qu’un autre bouleversement régional vienne l’aider à se positionner ? c’est là une question fondamentale pour l’avenir du Maroc, surtout qu’aucun leader n’émerge pour devenir chef du futur gouvernement , ce qui ne manquera pas de créer un problème à l’automne, lorsque viendra l’heure du choix pour Mohamed VI.