L’appel lancé par le roi Mohammed VI à la classe politique pour hisser le niveau du débat politique a été un cri d’alarme prémonitoire. Car, deux heures à peine après cette mise en garde, l’enceinte du Parlement a été le théâtre d’un scandaleux pugilat entre le chef du parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat et le conseiller du PAM Aziz Lebbar.
Dans son discours, vendredi à l’ouverture de la nouvelle année législative, le souverain avait vivement appelé l’ensemble de la classe politique à faire preuve de sens de responsabilité et d’éthique pour élever le niveau de la pratique politique. Le roi Mohammed VI n’avait pas hésité à pointer les « comportements de certains élus, qui sont préjudiciables à eux-mêmes, à leurs partis respectifs et à leur patrie, ainsi qu’à l’action politique dans le sens noble du terme ». L’objectif de la moralisation est de redonner confiance aux citoyens dans la politique, de les inciter à s’intéresser davantage à la chose publique et de participer aux diverses consultations électorales. Mais l’incroyable scène de l’empoignade entre Chabat et Lebbar au sein même du Parlement, est venue confirmer que l’on est encore loin du compte.
Les intérêts personnels continuent à prévaloir chez un grand nombre parmi le personnel politique, qui n’hésitent par à déballer en publics des rivalités sur des questions purement personnelles. D’ailleurs, loin de tenir à des divergences politiques ou idéologiques, ou encore à des désaccords sur des programmes publics, l’animosité qui a éclaté en pugilat entre Chabat et Lebbar relève trivialement d’intérêts individualistes. Un différend autour de lots de terrain et de permis de construire, dont les deux protagonistes ne trouvent aucune gêne à le reconnaître.
Même si le PAM s’est empressé d’annoncer l’exclusion de Aziz Lebbar de toutes les instances nationales et régionales et aussi du groupe parlementaire, le mal est fait. Le souverain avait appelé les politiques au « respect entre tous les acteurs concernés, de sorte qu’ils soient tous au service de la Patrie et non des protagonistes politiques divisés par leurs intérêts étriqués ». Il semble que des oreilles ne soient pas encore assez mûres pour saisir le sens de ces paroles.