Xavier Driencourt, l’ancien ambassadeur de France à Alger, a publié une note en juin 2023 intitulée « Le choix risqué d’Emmanuel Macron envers l’Algérie : illusions, erreurs et risques », dans laquelle il exprime ses inquiétudes quant au refroidissement des relations entre la France et le Maroc en raison de l’orientation pro-algérienne de Macron, un choix qu’il juge perdant.
Dans sa note, publiée par l’Institut Thomas More, un groupe de réflexion basé à Bruxelles et Paris, Driencourt se questionne sur les motivations d’Emmanuel Macron à valoriser une relation entre la France et l’Algérie, malgré les signaux hostiles émanant du régime algérien, tels que les attaques anti-françaises dans l’hymne national et la récente visite d’Abdelmadjid Tebboune à Moscou.
Selon lui, la politique française envers l’Algérie manque de cohérence depuis 2017 et constitue en réalité un choix incertain, fondé sur des illusions, des erreurs d’analyse et d’importants risques politiques et géopolitiques, avec peu d’avantages pour la France.
Driencourt souligne les conséquences de ce choix en faveur de l’Algérie. D’une part, de nombreux Algériens fuient le pays en raison de sa dégradation, et d’autre part, cela éloigne la France du Maroc, rompant ainsi l’équilibre que la France cherchait à maintenir entre les deux capitales maghrébines. Le Maroc a réagi en affirmant que les relations avec la France n’étaient ni amicales ni bonnes, tant au niveau gouvernemental qu’entre le Palais royal et l’Élysée.
L’auteur estime que la France a besoin d’une relation apaisée avec le Maroc. Il mentionne les dossiers politiques, sécuritaires, économiques et migratoires sur lesquels la France doit travailler avec le Maroc. Cependant, le choix exclusif en faveur de l’Algérie fait par Macron pousse le Maroc à se tourner vers d’autres alliés et partenaires, tels que l’Espagne, les États-Unis, Israël et la Chine.
Driencourt invite la France à réévaluer ses alliances et ses amis dans un contexte géopolitique en évolution, marqué par des tensions internationales croissantes et l’émergence de puissances hostiles à l’Occident.
Pour lui, la France ne récolte que peu de bénéfices de son choix en faveur de l’Algérie, alors que le Maroc, en tant que pays le plus stable de la région, offre des opportunités économiques et aspire à être reconnu comme une puissance régionale.
Le diplomate suggère que la France envisage une nouvelle formule diplomatique impliquant l’Espagne et l’Italie, qui font face aux mêmes problèmes, ainsi que les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie). Cette approche vise à réchauffer les relations avec le Maroc, faciliter le dialogue entre Madrid et Alger, et peut-être encourager une discussion entre le Maroc et l’Algérie.