Les autorités sud-coréennes resserrent leur étau autour de le président destitué, Yoon Suk-yeol au sujet duquel, les enquêteurs ont officiellement demandé ce lundi 30 décembre, l’émission d’un mandat d’arrêt pour sa tentative avortée d’imposer la loi martiale dans le pays, une démarche sans précédent dans l’histoire politique récente de la Corée du Sud.
Les enquêteurs ont soumis leur demande de mandat d’arrêt au tribunal de Séoul au lendemain du troisième refus de Yoon Suk-yeol de se présenter à un interrogatoire. Depuis la fin de la dictature militaire en 1987, aucune tentative d’arrestation d’un président en exercice n’avait été enregistrée.
Destitué par le Parlement le 14 décembre, Yoon Suk-yeol est suspendu de ses fonctions dans l’attente de la décision de la Cour constitutionnelle, chargée de valider ou non cette destitution.
En attendant, il lui est interdit de quitter le territoire national suite à des accusations de « rébellion », un crime pouvant entraîner la peine de mort, pour avoir instauré la loi martiale le 3 décembre et envoyé l’armée au Parlement dans une tentative de répression, avant de faire marche arrière sous la pression de la rue et des députés.
Selon des médias locaux, Yoon Suk-yeol, âgé de 64 ans, refuse également d’accuser réception des convocations de la Cour constitutionnelle, qui a tenu une première audience en son absence le vendredi 27 décembre. La Cour dispose d’un délai de six mois pour statuer sur la destitution du président incriminé. Si elle la confirme, une élection présidentielle devra être organisée dans les deux mois qui suivent.
Sur le front politique, le Premier ministre Han Duck-soo, président par intérim depuis mi-décembre, a été destitué à son tour, accusé d’avoir tenté de bloquer l’enquête sur le coup de force de Yoon Suk-yeol.
Son successeur par intérim, le ministre des Finances Choi Sang-mok, s’est engagé à « restaurer la stabilité gouvernementale » dans cette crise sans précédent pour la quatrième économie asiatique.
Les révélations sur l’implication de Yoon Suk-yeol dans cette tentative de coup de force alimentent les appels à son arrestation. Selon un rapport d’inculpation concernant l’ancien ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, le président aurait autorisé l’armée à utiliser des armes pour pénétrer dans le Parlement.
Le 3 décembre, lors d’un appel téléphonique avec le commandant militaire de Séoul, Lee Jin-woo, Yoon Suk-yeol aurait déclaré : « Pourquoi n’êtes-vous pas encore entrés ? Brisez la porte et sortez-les, même si cela nécessite de tirer ».
Cette déclaration aurait été suivie d’une attaque des forces armées contre le siège du Parlement, impliquant des soldats équipés d’armes lourdes, des escalades de barrières, des fenêtres brisées et des hélicoptères déposant des troupes sur place.
Le rapport de 10 pages détaille également des discussions sur la loi martiale menées dès mars dernier par Yoon Suk-yeol avec des responsables militaires de haut rang, suggérant une planification à long terme du coup de force. Cette affaire plonge la Corée du Sud dans une crise politique et institutionnelle majeure.