Le gouvernement vénézuélien a condamné hier jeudi, avec véhémence, l’«incursion illégale» d’avions de chasse américains dans son espace aérien, une accusation qui attise une tension déjà vive entre les deux nations.
La sortie de l’exécutif vénézuélien intervient dans le sillage également du déploiement naval américain au large des côtes du pays caribéen, justifié par Washington par une opération antidrogue.
Dans un communiqué conjoint, les ministères de la Défense et des Affaires étrangères du Venezuela ont fustigé la manœuvre, située à soixante-quinze kilomètres des côtes, la qualifiant de « provocation qui menace la souveraineté nationale» de leur pays.
Le texte invoque une violation des normes du droit international et de la Convention de Chicago sur l’aviation civile. Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, avait affirmé plus tôt que cinq appareils militaires américains s’étaient approchés du territoire vénézuélien, dénonçant une menace directe à la sécurité nationale.
Cette escalade verbale s’inscrit dans le cadre d’une offensive diplomatique et militaire plus large. Le président américain Donald Trump a notifié au Congrès, par l’entremise du Pentagone, que les États-Unis étaient engagés dans un « conflit armé » contre les cartels de la drogue.
Cette qualification juridique controversée vise à légitimer des actions récentes, dont la destruction de quatre embarcations présentées comme appartenir à des «narcoterroristes », ayant causé la mort d’au moins dix-sept personnes.
Washington accuse explicitement le régime du président Nicolás Maduro de diriger un vaste réseau de trafic de stupéfiants. La porte-parole adjointe de la Maison Blanche, Anna Kelly, a défendu ces opérations, arguant qu’elles s’inscrivaient dans le cadre du «droit des conflits armés». Cependant, des juristes américains contestent la légalité de ces frappes, soulignant que la Constitution réserve au Congrès le pouvoir de déclarer la guerre.
De son côté, Caracas rejette absolument ces allégations, y voyant un prétexte pour justifier une « menace militaire » et tenter de renverser le gouvernement en place. En réponse, le Venezuela a lancé des exercices militaires et mobilisé ses réservistes.
Pour les autorités de Caracas, l’objectif inavoué des États-Unis reste la mainmise sur les immenses réserves pétrolières du pays, les premières au monde. La crise, qui mêle enjeux sécuritaires, juridiques et géostratégiques, place désormais la région caribéenne sous haute surveillance.