Élargissement de l’UE : L’option d’une intégration progressive des nouveaux candidats de l’Europe de l’Est, gagne du terrain

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, en février 2022, la question de l’élargissement de l’Union européenne (UE) a retrouvé une urgence politique inattendue. 

Mardi 4 novembre, à l’occasion de la présentation du rapport annuel sur l’état de préparation des pays candidats, la président de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a insisté sur cette priorité stratégique, affirmant que «nous sommes plus que jamais déterminés à faire de l’élargissement de l’UE une réalité. Car une UE plus large signifie une Europe plus forte et plus influente sur la scène internationale».

Si plusieurs Etats des Balkans occidentaux, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Macédoine du Nord  accumulent retards institutionnels et tensions internes, le Monténégro et l’Albanie avancent à grands pas sur la voie de leur adhésion à l’UE. 

Pour la première fois depuis près de quinze ans, Bruxelles juge qu’un élargissement est «une possibilité réaliste» à moyen terme. Un signal politique fort, alors que l’adhésion demeure l’un des seuls leviers d’influence de l’UE face à la Russie dans son voisinage oriental.

Reste que cet élan se heurte à une série de blocages. Sur le plan juridique, d’abord : les traités actuels ne sont pas conçus pour une Union comptant plus de trente membres. Le maintien de l’unanimité dans la politique étrangère, le droit de veto de chaque capitale ou encore le principe d’un commissaire par État ralentissent toute décision d’envergure. 

De Paris à Berlin, plusieurs gouvernements plaident depuis des années pour une réforme en profondeur, mais la Commission n’a pas encore tranché.

Les obstacles sont aussi politiques. Certains États membres redoutent une perte d’influence, d’autres craignent une intégration trop rapide de pays confrontés à la corruption, aux tensions ethniques ou à un État de droit fragile. À cela s’ajoute la nécessité, pour la Moldavie et l’Ukraine, d’achever des réformes structurelles majeures dont entre autres, la lutte contre l’oligarchie, l’indépendance des juges et la mise en conformité législative.

Si la dynamique de l’élargissement est relancée, son calendrier reste donc incertain. L’UE affiche la volonté, mais hésite sur les moyens. Reste à savoir si la pression géopolitique suffira à accélérer une réforme institutionnelle que beaucoup jugent désormais indispensable pour permettre l’adhésion de nouveaux Etats.