Royal Air Maroc (RAM) qui traverse depuis plusieurs mois une conjoncture financière difficile a annoncé par une phrase laconique sur son site web l’annulation des inscriptions à son école de formation des pilotes pour l’année 2011-2012. Le directeur de l’Ecole nationale des pilotes de ligne (ENPL) ne verrait donc pas l’intérêt de former des pilotes dont la compagnie n’aura pas besoin. L’établissement, filiale de la RAM créée en 1970, connaîtra donc une année blanche. Certes, une décision difficile, mais qui paraît logique compte tenu du déséquilibre budgétaire que connaît le transporteur national. Cette décision traduit aux yeux des observateurs, les incertitudes qui planent sur l’avenir de la compagnie, jadis, un des fleurons de l’économie nationale.La compagnie nationale marocaine, qui perd « 20 millions de dirhams par semaine » (près de 2 millions d’euros) depuis au moins début juin, estime que ses ressources actuelles suffisent à peine pour couvrir ses besoins à moyen terme. Elle a mis en place une procédure de départs volontaires (1.200 postes sur 5.000), et prévoit aussi de réduire sa flotte d’ici 2012 (11 avions pourraient être cloués au sol).La compagnie a été rudement mise à l’épreuve d’abord par une vague de grèves de son personnel navigant, ensuite elle a durement ressenti les effets négatifs de l’attentat de Marrakech en avril dernier, et puis la facture salée consécutive à la hausse vertigineuse des prix du kérosène et enfin les graves retombées des révolutions arabes sur l’économie. Avec la succession de tous ces événements, la RAM éprouve toutes les peines du monde à remonter la pente pour affronter la rude concurrence des compagnies low cost (dont Ryanair, easyJet, Vueling, Jet4you ou encore Transavia) qui ont débarqué à partir de 2006, date d’ouverture du ciel marocain aux compagnies étrangères. Le transporteur national attend donc impatiemment une aide de l’Etat, ou toute autre solution miracle pour surmonter la crise actuelle qui la frappe de plein fouet.Pour sauver la face, le PDG de la RAM, Driss Benhima ne voit d’autres solutions que de céder une part (30 %) de son capital à un opérateur privé de la profession qui n’est autre, selon les rumeurs qui courent, que le transporteur de l’Hexagone Air France. Reste à savoir si Driss saura convaincre son ministre de tutelle et l’argentier du royaume pour faire valider sa solution avant la dissolution du parlement et la désignation d’un nouveau gouvernement « partisan », avec lequel il serait pour le patron de la RAM, bien plus difficile de composer.