Un accès subit d’agitation est perceptible ces derniers temps parmi les responsables politiques et les chefs de partis, probablement à cause de la tension provoquée par l’approche d’une campagne électorale qui s’annonce sans merci. Les accusations et démentis fusent de partout, jusque dans les rangs de la majorité elle-même.A côté de la guerre ouverte entre le gouvernement et le Parti Justice et Développement de l’islamiste Abdelilah Benkirane, d’autres feux se sont déclarés ici et là entre les différents protagonistes politiques. Les uns et les autres s’accusent réciproquement de nouer des alliances en dehors de leur famille politique naturelle. Ces joutes préélectorales portent également sur des questions aussi controversées que le découpage électoral, le mode de scrutin ou la supervision des législatives du 25 novembre. Un autre sujet qui aliment les débats, est celui portant sur le quota à réserver aux femmes et aux jeunes dans le futur Parlement. Certains considèrent cette mesure de « discrimination positive » comme une rente injustifiée et un coup porté au principe de l’égalité des chances.Pourtant dans cette confusion préélectorale, on entend rarement parler de programmes politiques et économiques que les partis comptent défendre devant les électeurs. Surtout que la conjoncture économique ne va certainement pas laisser de répit au prochain exécutif. De surcroît, alors que la nouvelle Constitution ambitionne de mettre le pays sur les rails d’une vie démocratique saine et normale, avec des institutions crédibles et rajeunies, un autre danger guette cette expérience de tous les espoirs. C’est l’ombre des notables qui continue de planer sur les futures élections. Des marchands de voix qui ont jeté le discrédit sur la représentation politique et dissuadé les électeurs d’aller voter, s’apprêtent à reprendre du service. Malgré les voix qui s’élèvent épisodiquement ici ou là pour dénoncer la notabilisation insensée des institutions représentatives, certains partis se sont d’ores et déjà lancés à la recherche de ces fameux « semsaras » des votes.