Depuis près de quatre années, l’indice phare de la bourse des valeurs de Casablanca, le MASI, affiche un encéphalogramme plat, mis à part quelques soubresauts conjoncturels dus aux grandes introductions en bourse d’avant la crise financière internationale, autant dire datant de… la préhistoire en termes financiers. Symbole des années « fric » de la première moitié de la décennie écoulée, la bourse de Casablanca n’attire plus les petits -et grands- porteurs et se comporte comme ses grandes cousines européennes, alors mêmes que la croissance marocaine est de l’ordre du double de celle de la zone euro. « Correction d’un marché trop haussier », « retour du marché à des taux normaux après la bulle immobilière » sont les explications les plus fréquemment fournies par des analystes marché sur-payés, désormais incapables de garantir le moindre niveau de rentabilité à des clients qui préfèrent se tourner vers les investissements beaucoup plus « sûrs » que sont la pierre où les bons du trésor. Survient alors une idée « folle » qui pourrait donner un coup de fouet à la bourse des valeurs de Casablanca : sa dissolution pure et simple et son absorption par la future place financière de Casablanca, qui devrait voir le jour en 2012, sous le nom de Casablanca Finance City (CFC). En effet, CFC a pour vocation de faire de Casablanca le vaisseau-amiral du nouveau positionnement marocain sur les services financiers et de faire du Maroc la porte d’entrée des investisseurs occidentaux vers l’Afrique. Dès lors, quelle serait la rationalité de garder deux places financières ? En termes opérationnels, il est possible de réaffecter les valeurs de la BVC vers Casablanca Finance City, contribuant ainsi à une meilleure intégration du Maroc dans son environnement international et ouvrant la voie à une meilleure visibilité continentale du marché financier marocain. Autre élément qui plaiderait en faveur de cette absorption : des économies d’échelle considérable en mutualisant les deux structures et une rationalisation des ressources allouées par l’Etat et les entreprises. De surcroit, ce rapprochement peut se faire de manière « naturelle » puisque la BVC siège au sein du conseil du Moroccan Financial Board , qui vient d’opérer un rapprochement marqué avec Singapour et qui aura pour mission de gérer la future place financière de Casablanca. Reste la question –délicate- du leadership si les deux institutions fusionnent. Si le Moroccan Financial Board est dirigé par l’ingénieur sur-diplômé Said Ibrahimi, ancien Trésorier Général du Royaume, la bourse de Casablanca est quant à elle pilotée par Karim Hajji, un financier qui a dirigé Atlas Capital Group , une banque d’affaire appartenant à Hicham Chbihi, un homme aux réseaux très puissants dans les milieux économiques, et un proche de Mounir El Majidi, secrétaire particulier de Mohammed VI. Selon plusieurs « insiders » du marché casablancais, si les deux hommes semblent pour l’instant afficher une unité de façade, cette belle complicité pourrait voler en éclat s’il s’agit de prendre la tête de l’une des places financières les plus puissantes d’Afrique…