Les choses sérieuses ne font que commencer pour le chef du gouvernement désigné. Moins d’une semaine après avoir été chargé par le roi de former un gouvernement à l’issue de législatives remportées tambour battant, Abdelilah Benkirane a dû encaisser un premier coup asséné par l’USFP.
Non seulement le dirigeant islamiste est désormais obligé de chercher d’autres alliés en dehors de la koutla pour former sa coalition, mais le refus du parti de la rose sonne comme un avertissement pour lui. Benkirane sait d’avance que son mandat ne sera pas de tout repos avec un USFP blessé dans l’opposition. Un exercice dont les héritiers d’Abderrahim Bouabid maîtrisent les secrets. Bien sûr, le leader du PJD peut toujours constituer une majorité confortable avec le Mouvement Populaire (MP) et l’Union Constitutionnelle (UC), en plus de l’Istiqlal qui s’est déjà rallié à sa cause. Mais il devrait dès à présent affûter ses armes face à une opposition qui s’annonce intraitable. En plus de l’USFP à gauche, les amis de Benkirane devraient s’attendre à des jours difficiles avec leurs adversaires du PAM et, probablement aussi, du RNI au centre. Surtout qu’au-delà des contraintes immédiates imposées par la formation d’une coalition viable, Benkirane est attendu au tournant sur un agenda économique et social d’une urgence tout aussi brûlante. A commencer par les réponses à apporter à l’inquiétant déficit commercial et de la balance des paiements, à l’explosion de la facture de la caisse de compensation. Ceci, sans parler de l’indispensable coup de balai qu’il faut à tout prix donner dans des secteurs aussi mal en point que la justice, l’éducation, la santé, etc. Mais là aussi, Benkirane a intérêt à ne pas céder à la facilité et aux décisions populistes. Car leurs répercussions peuvent se ressentir sur deux, voire trois générations. C’est le cas de l’arabisation ratée de l’enseignement par le parti de l’Istiqlal, il y a trois décennies, et dont les générations actuelles d’étudiants et d’enseignants endurent les peu reluisants résultats.
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