Coup de tonnerre dans le landerneau politique marocain. Vers 12h aujourd’hui, le site de l’Agence officielle MAP était quasiment inaccessible. En cause ? « LA » rumeur, celle qui voudrait que Fouad Ali Himma aurait été nommé conseiller au cabinet royal. Quelques instants plus tard, la nouvelle était confirmée par une dépêche officielle. En nommant Fouad Ali Himma comme conseiller, Mohammed VI a pris tout le monde de court. Il vient également de procéder à une clarification substantielle du champ politique, en sortant l’un de ses hommes de confiance des clivages partisans pour le mettre au service d’un cabinet royal qui était déjà en cours de profonde restructuration avec l’arrivée de quatre poids lourds en moins de quatre mois : le constitutionnaliste Abdellatif Mennouni, le diplomate et ancien ministre de l’intérieur Mostapha Sahel, le juriste et spécialiste de l’Espagne Omar Azzimane, et enfin, le jeune ministre du tourisme, Yassir Zenagui. En fin connaisseur du jeu politique marocain, Mohammed VI sait que la nomination comme conseiller de Fouad Ali Himma aura de quoi surprendre, et en premier lieu l’actuel chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Or, c’est précisément pour permettre au futur gouvernement d’évoluer dans un champ politique clarifié que cette nomination doit être perçue comme un signal fort de sanctuarisation des prérogatives constitutionnelles de chacun et de rôles des différentes institutions. N’en déplaise aux contempteurs et à ceux prompts à critiquer, El Himma a été, lors de la dernière décennies, l’homme des missions délicates, dont le rapprochement avec les anciens opposants, qui a ouvert la voie à l’instance équité et réconciliation (IER) est la plus emblématique . Cette étape, cruciale dans l’histoire du Maroc moderne, a permis de mettre en marche une série de réformes fondamentales pour le pays. De surcroit, la démission d’ El Himma de son poste de ministre délégué à l’intérieur, en 2007, avait également surpris de part l’intensité des réactions de la classe politique à quelques semaines des législatives de 2007, beaucoup d’acteurs l’ayant comme vis-à-vis. Depuis plusieurs mois, l’on disait Fouad Ali El Himma en « retraite » politique du parti qu’il a contribué à créer, le PAM, et cette tendance avait été confirmée par son refus de se présenter dans son fief de Ben Guerir, malgré des appels pressants de la part de ses électeurs.
Ultime avatar de cette prise de recul par rapport au militantisme partisan, la nomination de Fouad Ali El Himma au sein du cabinet royal devrait permettre de contribuer au renforcement de ce dernier dans sa fonction de « boite à idée » et de producteur de connaissances pour le souverain. Reste à résoudre une équation à plusieurs inconnues, que deviendra le PAM, fort d’un groupe parlementaire de plus de 50 députés ?
En fin politique, El Himma a immédiatement annonçé, dans un communqiué donné à l’agence MAP » Fouad Ali El Himma a présenté sa démission du Parti Authenticité et Modernité (PAM) « en raison des obligations d’indépendance et de neutralité » que requiert la confiance placée en lui par SM le Roi Mohammed VI en le nommant Conseiller du Souverain au Cabinet royal. » Dont acte.
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