Le vieux projet dormant de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) a longtemps souffert des dissensions entre les cinq pays voisins et particulièrement entre le Maroc et l’Algérie autour du dossier du Sahara. Pour tenter de colmater les brèches ouvertes dans l’édifice maghrébin, le président tunisien, Moncef Marzouki a entrepris dernièrement, un périple de six jours qui l’a conduit respectivement à Rabat, Nouakchott et Alger. En quittant lundi, la capitale algérienne, Marzouki n’a pas caché son satisfecit d’avoir au moins réussi à convaincre ses pairs maghrébins, de tenir probablement en Tunisie, un sommet maghrébin au courant de cette année, le premier depuis plus de 18 ans. Un sommet qui sera de son avis, «sérieux» et ses résultats « palpables » pour tous les peuples de la région. En prélude à ce sommet, le ministre marocain des Affaires étrangères, Saad Dine El Otmani qui s’est envolé mardi pour Nouakchott pour une visite officielle en Mauritanie, la première dans ce pays depuis sa nomination dans le gouvernement de Benkirane, a annoncé la tenue d’une réunion le 18 février à Rabat, des chefs de diplomatie des cinq pays de l’UMA.
Le président tunisien a assuré lors d’une conférence de presse tenue avant son départ d’Alger, que l’année 2012 sera l’année du Maghreb, invitant « les Maghrébins à rêver d’un espace ouvert sur le modèle de l’Union Européenne». Il est temps, a-t-il soutenu «de lever les obstacles et d’ouvrir les frontières entre l’ensemble des pays du Maghreb».
Même si les hauts responsables algériens ne semblent pas encore prêts à une réconciliation dans les règles de l’art, cela n’a pas empêché le nouveau président tunisien et ancien opposant au régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali, d’être optimiste en insistant sur la relance du projet unioniste maghrébin.
« Nous allons œuvrer cette année, a-t-il soutenu, à rétablir la cohésion avec nos frères algériens, marocains, libyens et mauritaniens, dans le but de ressusciter le grand rêve de l’Union maghrébine, gelée depuis des années ».
Pour surmonter l’obstacle majeur du dossier du Sahara opposant Rabat et Alger et qui est à l’origine du gel de l’UMA depuis 1994, le président Marzouki aurait suggéré aux deux protagonistes le Maroc et l’Algérie, de contourner ce dossier au passage de qualifier ce conflit de «douloureux sur le plan humain» et de le mettre «pour le moment entre parenthèses» et de laisser l’ONU s’en charger. Pourvu que les vents du printemps arabes continuent à souffler sur le Maghreb, le président Marzouki pourrait fort bien réussir son pari.