Benkirane : le poids de la conjoncture

Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane passera la semaine prochaine un nouvel oral devant les députés. Le nouveau règlement intérieur de la Chambre des représentants prévoit désormais cet exercice de communication régulière avec le chef de l’exécutif. Pourtant, Benkirane aura certainement des difficultés à défendre, devant une opposition aux aguets, un maigre bilan de ses 100 premiers jours à la Primature.
Déjà au meeting du 1er mai à Casablanca, Benkirane a plutôt campé le rôle de leader du PJD que celui de chef du premier cabinet islamiste du Maroc. Les attaques frontales n’ont pas manqué contre ceux qu’il considère être des « détracteurs du gouvernement ». Plus encore, le chef du gouvernement estime que son cabinet fait l’objet d’un véritable « complot ». Pour lui, l’ennemi principal du gouvernement barbu, « ce ne sont pas les partis politiques. Notre ennemi, c’est une partie de la presse ». Il est vrai que pour un 1er mai où les revendications salariales et sociales des travailleurs sont particulièrement présentes, le chef du gouvernement n’avait pas grand-chose à offrir. L’esquive peut donc paraître de bonne guerre. Il est tout aussi vrai que le gouvernement, depuis son investiture, s’est épuisé dans des polémiques somme toute secondaires, qu’il a lui même soulevées. La publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport est restée sans suite, alors que les cahiers des charges des télévisions publiques ont provoqué un débat qui n’avait peut être pas lieu d’être. Ailleurs, les grèves à répétition dans la fonction publique et les actions des diplômés au chômage qui enchaînent sit-in et marches de protestations, donnent l’impression de paralyser le gouvernement.

Aussi, le cabinet Benkirane gagnerait-il énormément à se dégager de l’emprise du conjoncturel pour imprimer à son action plus de hauteur et de cohérence. La réalisation des profondes réformes économiques et sociales promises sont à ce prix.