La grogne sociale alimentée par les revendications des centrales syndicales de gauche et des diplômés chômeurs, va-t-elle finir par faire plier le gouvernement Benkirane ? Les analystes politiques pensent plutôt le contraire. L’exécutif, fort de sa majorité confortable au parlement, est actuellement en position de force pour dicter ses conditions dans le cadre du dialogue social, suivant son agenda, ses priorités et les moyens financiers disponibles. La marche organisée dimanche 27 mai à Casablanca, à l’appel de la Confédération Démocratique du Travail (CDT) et la Fédération Démocratique du Travail (FDT) revêt plus un teint politique que syndicaliste, estiment les mêmes analystes. Pour preuve, du côté de la majorité, on évoque certains passages de la déclaration commune des deux syndicats disant que «… le gouvernement actuel ne dispose ni de projet de réforme, ni de volonté, ni de programme et n’a pas la capacité politique et intellectuelle pour assimiler la profondeur des problèmes que vit le Maroc d’aujourd’hui…». D’autant plus, que le bureau politique de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) dont sont issues aussi bien la CDT que la FDT, s’est empressé de «féliciter les militants des deux centrales pour ce premier pas unificateur et mûrement réfléchi».
Du côté de l’exécutif, Abdeladim El Guerrouj, ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration s’est dit «surpris par cette marche». Lors de la dernière rencontre tenue en avril dernier, avec cinq centrales syndicales, y compris la CDT et la FDT, le gouvernement, a-t-il rappelé, s’est d’ailleurs, engagé à appliquer l’accord du 26 avril 2011, signé par le gouvernement sortant d’Abbas E Fassi avec les syndicats.
Donc, pour El Guerrouj, il n’y a point de rupture du dialogue social et le gouvernement est loin de se dérober de ses responsabilités et de ses engagements.
Le statut général de la fonction publique, la révision de la grille des salaires des fonctionnaires, les projets de loi sur les grèves et les syndicats ainsi que la mise en œuvre de l’accord du 26 avril 2011 sont au top des revendications syndicales. La bataille s’annonce d’ores et déjà dure et le dialogue social entre le gouvernement et les syndicats risque de chauffer dans les tous prochains mois à venir.