La tentation était tellement alléchante que même le prestigieux quotidien français « Le Monde » à fini par tenter le coup au risque de sa crédibilité.
La direction du journal a conclu avec les Algériens un deal de 1,6 million d’Euros pour la publication dans sa livraison du mercredi 4 juillet, d’un supplément publicitaire de 16 pages, à raison de 100.000 euros la page. Un vrai gâchis, quand on sait que le salaire minimum garanti en Algérie, ne dépasse pas les 180 euros (18 000 dinars).
Le supplément en question fait de manière crue de la propagande au président algérien, Abdelaziz Bouteflika et à certains de ses ministres, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Le comble c’est qu’il a été présenté aux lecteurs surtout algériens, comme s’il s’agissait d’interviews et de déclarations recueillies par les journalistes du quotidien Le Monde. Cette affaire a provoqué de profonds remous parmi le staff journalistique du quotidien.
Pour sauver la face, le directeur du journal, Erik Izraelewicz a tenté vainement d’expliquer à son personnel et aux lecteurs que la direction s’est fait piéger par une agence de communication, Mediaction International, l’interlocuteur de l’entreprise. Mai le mal est déjà fait, le renom du journal a reçu un mauvais coup.
Cette affaire a par ailleurs, suscité une large indignation non seulement chez les lecteurs du journal français, mais également chez les Algériens qui déclarent ne rien comprendre dans l’attitude des détenteurs du pouvoir dans leur pays qui se permettent de payer au prix fort, des publications étrangères uniquement pour se refaire une image.
Le Monde n’a pas été le seul à profiter des largesses du gouvernement algérien. Dans leur opération de marketing à l’international, les autorités algériennes ont arrosé d’autres publications, dont « USA Today », « The Times », « The Financial Times », « Deutschland », « Al Hayat » et « Al Shaq Al Awsat » pour la publication de suppléments similaires faisant l’apologie propagandiste de l’équipe dirigeante à Alger. Comme ce genre d’opérations se fait souvent dans l’opacité totale, le citoyen algérien ne saura jamais combien d’argent, le trésor public débourse-t-il pour financer de telles opérations de propagande et de lobbying à l’international.