Primes : Mezouar sur la corde raide

Salahaeddine Mezouar a dû ravaler sa fierté en assistant humblement, ce week-end, au congrès de ses ennemis politiques intimes, les islamistes du PJD.
Bien que sous le coup d’une enquête judiciaire dans l’affaire des primes du ministère des Finances, le chef du parti de la colombe n’aurait pas pu se dérober à l’invitation. L’initiative des organisateurs du congrès est d’autant plus pernicieuse que c’est le député islamiste, Abdelaziz Aftati qui avait accusé Salaheddine Mezouar d’avoir indûment bénéficié de primes mensuelles lorsqu’il était ministre des Finances. Et c’est le ministre islamiste de la justice, Mustapha Ramid en personne qui a transformé l’essai, en ordonnant l’ouverture de l’enquête. En compagnie de Noureddine Bensouda, le directeur de la Trésorerie générale, Mezouar est soupçonné de s’être attribué des primes « imputées sur le compte de fonds particuliers ». Un document publié par un quotidien casablancais a révélé, lui, que Mezouar et Bensouda se sont attribués mutuellement des primes mensuelles de plus de 80.000 DH chacun depuis avril 2010. En plus de la légalité des primes, l’enquête porte également sur les fuites organisées concernant ces avantages controversés dont l’octroi, pourtant, a habituellement cours depuis des années au ministère des finances. Mais quoi qu’il en soit, pour Mezouar et Bensouda, l’enquête est d’autant plus embarrassante qu’elle intervient dans un contexte bien particulier : l’arrestation d’anciens responsables d’établissements publics, présumés coupables de détournement de deniers publics.
Même si la justice ne s’est pas encore prononcée sur son cas, Mezouar ne doit pas se sentir rassuré. L’exemple de Alioua, Benallou et Ibrahimi, tous aux arrêts, lui donne certainement des sueurs froides. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les instances dirigeantes du RNI penseraient déjà à trouver un remplaçant à Mezouar à la tête du parti de la colombe.