Le Maroc gère-t-il bien sa crise économique ?

La vérité a fini par éclater au grand jour après un lent silence radio sur l’impact de la crise économique internationale sur l’économie marocaine.
Le Maroc a « assez bien » géré sa crise économique et les perspectives d’avenir restent globalement « positives » malgré les chocs exogènes et une mauvaise année agricole 2012. C’est l’un des témoignages rassurants de plusieurs hauts dirigeants du Fonds monétaire international (FMI). Pourtant au Maroc, les avis sont partagés sinon contradictoires entre les responsables du secteur de la finance publique. D’une part, le ministre de l’Economie et des finances, Nizar Baraka tire la sonnette d’alarme en annonçant des chiffres catastrophiques et quatre jours plus tard, le ministre délégué chargé du budget, Driss El Azami El idrissi fait une sortie médiatique pour réfuter tout simplement l’existence d’une crise économique au Maroc. Pour ce dernier, il s’agit, de quelques « difficultés conjoncturelles » qu’affronte le pays actuellement et qui seront bientôt maîtrisées à travers l’adoption par le gouvernement de mesures d’urgence et sur le moyen terme.
Dans le camp de l’opposition, l’inquiétude est de mise. Les vétérans du principal parti de l’opposition l’USFP, accusent le gouvernement sortant d’Abbas El Fassi, d’avoir sous-estimé l’impact de la crise internationale sur l’économie marocaine. Croyant que le système économique national était immunisé, l’actuel gouvernement comme son prédécesseur, n’a pas entrepris les réformes nécessaires pour une nouvelle relance. L’ancien argentier du royaume, Fathallah Oualalou met carrément en garde contre le retour du FMI au Maroc, avec son fameux Programme d’Ajustement Structurel (PAS). La Ligne de crédit et de Liquidité (LCL) que le FMI a ouvert pour le Maroc, assure Oualalou, constitue « une mauvaise nouvelle en soi » et non une bouée de sauvetage comme le prétend Nizar Baraka. Le retour du FMI au Maroc pour garantir les crédits, comme lors de la période 1978-83 qui avait conduit au programme d’Ajustement Structurel (1983-1993), prévient-il, « ce sera la conditionnalité comme pour la Grèce ». Le Maroc perdra ainsi sa souveraineté dans la prise de décision et sa la Loi de finances ne se fera plus au parlement mais à Washington.
Qui croire, les officiels et les opposants marocains ou les experts du FMI ? La crise est bien là et à  défaut de pouvoir la dissimuler, il faut donc trouver les moyens de la gérer.