Lutte anti-corruption: Ramid à la rescousse de Benkirane

Le Parti de la justice et du développement (PJD) ne fait plus aussi bonne figure qu’au lendemain de sa victoire aux législatives de novembre dernier. Les déclarations hâtives et parfois démesurées du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane et de ses coéquipiers PJDistes ont plus ou moins terni leur image de marque aux yeux de l’opinion publique. C’est sur le volet social et la lutte contre la déprédation, la corruption et l’économie de rente dont ils avaient fait leur cheval de bataille durant leur campagne électorale, que les ministres islamistes et leur chef ont encaissé leurs premiers désappointements.
Alors que toute l’équipe du PJD promettait de partir en croisade contre la corruption et l’économie de rente, les actions du gouvernement en la matière ont pris l’allure de sorties médiatiques limitées à des effets d’annonces ou parfois de décisions contreproductives, comme celle du chef de l’exécutif lors de son entretien sur Al Jazeera. Abdelilah Benkirane s’est fait piéger par l’animateur de l’émission, en reconnaissant qu’il était difficile de lutter contre la corruption et l’économie de rente. Le chef du gouvernement s’est même déclaré prêt à tourner la page du passé, donnant ainsi une sorte de quitus aux déprédateurs et dilapidateurs des deniers publics. Benkirane a tenté de se rattraper lors de son second passage mensuel devant la Chambre des Conseillers, expliquant qu’à travers ses propos il signifiait plutôt que son gouvernement n’allait pas s’enliser dans la chasse aux sorcières, mais qu’il allait s’attaquer aux questions de l’avenir.
A la suite de cette bourde, le ministre de la justice et des libertés, Mustapha Ramid s’est prêté, dans l’hémicycle, à son jeu d’avocat en défendant les bonnes intentions de Benkirane. Le gouvernement, a-t-il assuré, ne fera aucune complaisance ou concession aux auteurs de corruption ou de dilapidation avérée des deniers publics. Il a annoncé à l’occasion, qu’une série d’actions est en phase d’application pour la lutte contre l’économie de rente. Il a même révélé que la liste des détenteurs des licences d’exploitation des carrières de sable était fin prête et allait être publiée très prochainement. Il faudra alors attendre de connaître la réaction de l’opinion pour savoir si Ramid et Benkirane étaient ou non convaincants ?