Les informations sur une possible accalmie qui serait intervenue dans les rangs de la majorité signifieraient une vraie aubaine pour le chef du gouvernement. Soumis depuis plusieurs semaines à une énorme pression, Abdelilah Benkirane sera assurément le principal bénéficiaire de cette détente annoncée.
Les coups de boutoir étaient ressentis par les islamistes du PJD avec d’autant plus d’amertume qu’ils provenaient non pas de l’opposition, mais de leur principal allié dans la majorité, Hamid Chabat. Le remuant chef du parti de l’Istiqlal n’a en effet pas cessé ces derniers temps de critiquer la faible prestation du cabinet Benkirane et ses décisions qualifiées franchement d’impopulaires. Les ministres PJD étaient accusés de marginaliser les autres composantes de la majorité, voire de sectarisme. De là à exiger un remaniement ministériel, il n’y avait qu’un pas que l’intraitable maire de Fès n’a pas hésité à franchir. Mais après la rencontre du week-end dernier, Hamid Chabat a vraisemblablement consenti à tempérer ses propos. Les quatre dirigeants de la majorité se sont dits leurs quatre vérités, et Hamid Chabat aurait revu ses exigences à la baisse. Selon certaines sources, l’exigence du remaniement est peut être même reléguée à plus tard. Un indicateur de cette décontraction est à déceler dans l’accord de dernière minute intervenu entre les syndicats et le ministre Aziz Rabbah pour suspendre la coûteuse grève dans les transports. Surtout que le chef syndicaliste Chabat n’est pas étranger au déclenchement du débrayage de plusieurs jours dans les transports de voyageurs.
Pourtant le gouvernement est loin d’avoir obtenu un apaisement sur le front social. Trois grands syndicats sont ainsi en train d’accroître la pression sur l’exécutif. Le principe d’une grève nationale a été obtenu à l’ODT (l’Organisation Démocratique du Travail), qui en fixera ultérieurement la date. La CDT et la FDT préparent pour leur part une journée de protestation le 8 décembre dans les principales villes. Dans leur ligne de mire, toute une série de mesures décidées par le gouvernement Benkirane: prélèvements sur les salaires des grévistes, répression des libertés, inconsistance du dialogue social… Autant dire que le gouvernement n’est pas encore sorti de l’ornière.