Jamaâ : les dessous d’un démenti

abbadi medMohamed Abbadi, le successeur annoncé de Abdelsslam Yassine à la tête d’Al Adl Wal Ihssane, a tenu à ne laisser aucune place à la confusion. Moins d’une semaine après la mort du leader de la Jamaâ le 13 décembre, son vieux compagnon a été poussé à démentir toute prétention à prendre la place du cheikh. Une sortie surprise qui souligne toutefois la guerre sourde que se livrent les camps opposés au sein de la Jamaâ.

Jusqu’à présent, les principaux dirigeants affichent une unité à toute épreuve, écartant l’existence de convoitises personnelles. Pourtant, les connaisseurs de la Jamaâ affirment qu’il s’agit d’une simple unité de façade. Les prétendants putatifs se gardent bien de montrer une quelconque avidité pour la direction tant convoitée de l’Association islamiste. Mais leur empreinte apparaît clairement dans la sortie médiatique de Mohamed Abbadi, jusque là numéro deux d’Al Adl Wal Ihssane. Au lendemain des funérailles imposantes du guide de la Jamaâ, un proche collaborateur de Fathallah Arsalane, le porte parole du mouvement, a coupé court à toutes les prédictions. Mohamed Abbadi ne pouvait prétendre à la succession, même en étant le candidat le plus âgé parmi les membres du Cercle d’Orientation de la Jamaâ. « Les règlements (de la Jamaâ) sont fondés sur l’élection, y compris l’élection du Mourchid (Guide) », tranchait Hassan Benajeh. D’ores et déjà, on parle d’un conflit larvé. Il opposerait l’aile qui bataille pour le maintien du schéma rigoureusement vertical imposé à la Jamaâ par son fondateur, et les partisans d’une modernisation des mécanismes de fonctionnement de l’association islamiste. Des divergences qui n’occultent pas les désaccords plus profonds existant entre les réfractaires à toute ouverture au jeu politique d’une part et, d’autre part, les participationnistes qui sont favorables à une participation graduelle afin de sortir la Jamaâ de l’isolement. Dans ce sens, les indiscrétions révèlent un affairement du clan représenté par Fathallah Arsalane et la faction impulsée par Nadia, la fille du Cheikh disparu, pour attirer le plus de partisans à leurs projets.