Le port Tanger Med est mal vu non seulement du côté ibérique mais également par les voisins algériens du royaume chérifien. Lors d’un atelier organisé le 12 février sur les ports algériens, le Forum des chefs d’entreprises algériennes (FCE) a tout simplement lancé une mise en garde aux hautes autorités du pays contre la réalisation de grands ports chez les voisins maghrébins (Maroc et Tunisie).
Les entrepreneurs algériens craignent qu’en cas de réouverture des frontières avec le Maroc, toutes les marchandises à destination de l’Algérie transitent par la voie terrestre au départ du port Tanger Med, ce qui réduirait les parts de marché des ports algériens.
Le président du FCE, Reda Hamiani a relevé pour sa part que non seulement l’Algérie n’a pas développé son infrastructure portuaire, mais elle a pris un retard considérable en la matière. Avec des capacités de traitement limitées et un faible tirant d’eau, les ports algériens actuels, constate-t-il, ne sont pas faits pour accueillir les navires de gros tonnage qui dominent actuellement la structure des échanges internationaux en permettant de réaliser des économies d’échelle.
Ce qui alimente le plus les inquiétudes du patronat algérien comme l’a rappelé un ancien responsable portuaire, c’est que les surcoûts liés au fret et à l’opération portuaire seraient de 900 dollars par container dans les ports algériens. Ainsi, les coûts du transport et du traitement d’un conteneur en Algérie sont 40 % plus élevés qu’au Maroc et ceux de la logistique y représentent 25 % du PIB, tandis qu’au Maroc ils ne sont que de 15 %.
Pour les chefs d’entreprises algériennes, l’Etat a longtemps négligé dans ses programmes d’investissements publics, l’infrastructure portuaire.
Plus grave encore, déplore Hamiani, les pouvoirs publics ont construit une autoroute reliant l’Est à l’Ouest du pays, ce qui profitera, à terme, aux grands ports réalisés ou en cours de réalisation dans les pays du voisinage maghrébin tels le port Ennafida en Tunisie et Tanger Med et le futur port pétrolier de Nador au Maroc.
Les participants ont cité le cas de l’armateur CMA-CGM établi dans la ville du détroit, et qui aurait déjà annoncé la mise en place d’une ligne de feedering régulière reliant Tanger Med aux ports algériens d’Oran et de Ghazaouet.