Dépité par les dérobades du chef du gouvernement sur le remaniement ministériel, l’imprévisible secrétaire général de l’Istiqlal Hamid Chabat a décidé de passer à la vitesse supérieure.
La conférence de presse commune de lundi avec le dirigeant Ittihadi Driss Lahgar, l’un des chefs de file de l’opposition, est un message envoyé dans ce sens à Abdelilah Benkirane. Chabat y montre clairement qu’il n’est pas près de baisser la pression sur le chef du gouvernement. Mais les messages envoyés sont si brouillés qu’il est désormais difficile de catégoriser le chef de l’Istiqlal, ou de savoir s’il fait partie de la majorité ou de l’opposition. Car, après avoir échoué à convaincre son allié islamiste d’opérer une réorganisation du cabinet, Chabat s’affiche à présent de manière ostentatoire avec l’un des ténors de l’opposition. Le surprenant maire de Fès a même laissé entrevoir la possibilité de ressusciter la Koutla démocratique, la défunte alliance qui regroupait l’Istiqlal, l’USFP, le PPS et accessoirement l’OADP. Driss Lachgar, qui est en train de remettre de l’ordre dans la maison USFP après avoir défrayé la chronique suite à son élection controversée à la tête du parti de la rose, essaye de jouer fair-play. Il a renvoyé l’ascenseur à son ami Chabat en décidant de geler la participation de l’USFP à toutes les commissions du dialogue national dirigées par le gouvernement Benkirane.
L’argument avancé par le parti socialiste : le clientélisme et le copinage pratiqué par les islamistes dans le choix de la participation à ces instances. Une décision qui assène un coup dur au processus de mise à niveau de nombreux secteurs. L’USFP claque ainsi la porte au dialogue social, à la réforme de la justice, le dialogue avec la société civile, etc. Il paraît que la politique est devenue à ce prix.