Dans la longue bataille pour la réforme du système de santé, Houcine Louardi n’en finit pas de susciter les résistances. Corruption dans les hôpitaux publics, prix exagérés des médicaments, surfacturation dans les cliniques privées, le ministre de la santé veut aller jusqu’au bout, particulièrement sur la libéralisation des cliniques, malgré les contestations.
La mobilisation est à son comble chez les médecins opposés au projet de loi que Houcine Louardi s’apprête à déposer au parlement. Plusieurs syndicats de médecins et de pharmaciens refusent l’ouverture des cliniques à l’investissement privé. Le projet du ministre risque d’ouvrir la voie à la « commercialisation de la santé des citoyens », argumente le président du syndicat des médecins libéraux, Dr. Naciri Bennani qui s’exprimait lors de la journée d’étude organisée samedi dernier à la faculté de médecine de Casablanca.
Pourtant, le plaidoyer de Louardi n’en reste pas moins fort au vu du déficit flagrant en personnel médical et de la faible couverture médicale, surtout dans les régions reculées. Mais les objectifs du projet défendu par le ministre paraissent plus larges et, surtout, ses modalités d’application plus serrées. Ainsi, si le droit d’ouvrir des cliniques privées n’appartiendra plus exclusivement à des médecins, ces structures médicales ne seraient pas livrées pieds et poings liés aux investisseurs privés. Pour Houcine Louardi, les cliniques privées fonctionneront selon un modèle très encadré : un comité d’établissement où ce sont les médecins qui seront chargés des activités strictement médicales au sein de la clinique : recrutement, choix du matériel, etc. Un deuxième comité qui sera responsable des questions éthiques et qui sera composé de médecins et d’infirmiers, et enfin un comité de gestion où les investisseurs privés s’occuperont des questions d’ordre financier, administratif et de gestion de la clinique.
Dans cette architecture, le ministère de la santé aura toujours son mot à dire. « Nous jugerons de l’opportunité du déploiement des cliniques privées sur tout le Maroc », insiste le ministre Louardi qui connaît très bien les arcanes de la santé pour avoir été lui-même médecin et doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca.