Le Chef du gouvernement est entré de plain-pied dans la campagne électorale de 2015. Benkirane n’en fait d’ailleurs pas mystère. Il a distillé quelques détails sur le nombre de circonscriptions que son parti compte couvrir et, surtout, tenu à asséner quelques coups au PAM, son sujet de prédilection.
D’ailleurs, les joutes entre islamistes du PJD et Pamistes ont repris du poil de la bête. Les sorties du Chef du gouvernement prédisant une fin inéluctable du Parti du tracteur ont reçu une réplique quasi instantanée. Hakim Benchemmass, le porte parole du PAM, a pris le contre-pied de Benkirane en faisant bien comprendre que la tâche de la formation islamiste ne sera pas de tout repos. Un aperçu qui promet des échéances électriques entre les deux rivaux pour les communales de l’année prochaine. A ce titre, l’entrée précoce de Benkirane dans le marathon électoral est un indice révélateur de l’anxiété, voire de l’affolement du parti islamiste à cause des énormes déceptions suscitées par ses décisions impopulaires.
Les augmentations successives des prix, notamment la hausse des coûts des hydrocarbures, et bientôt des factures d’eau et d’électricité, ont entamé le capital de popularité du parti de la lampe. Son dirigeant qui est en même temps le Chef du gouvernement, est ainsi de plus en plus critiqué sur l’impact négatif des décisions de son cabinet. Le mécontentement se ressent jusque dans les rangs de sa base électorale, soit une bonne partie de la classe moyenne qui voit son niveau de vie sans cesse laminé.
Pourtant, Abdelilah Benkirane essaye de prendre les devants et d’anticiper pour surmonter les contre-performances de l’exécutif. Servi par une aptitude communicationnelle éprouvée, Benkirane présente, à chaque sortie, le bilan de ses deux ans et demi de gouvernement comme un inventaire de décisions inévitables et salutaires. Il ne se lance toutefois pas seul dans la course. C’est toute la machine du PJD qui est en train de se mettre en branle. Saadeddine Othmani en a donné le coup d’envoi de son côté. Reste à savoir si avec ce pâle tableau, les islamistes pourront rééditer l’exploit de novembre 2011.