Le président de l’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), Abdeslam Aboudrar s’est montré peu rassurant quand aux avancées de la lutte nationale contre la corruption.
Dans un dernier bilan portant sur l’exercice 2012- 2013, le patron de l’ICPC a livré mercredi dernier, des chiffres très révélateurs sur l’évolution du fléau de la corruption dans le royaume sur fond d’efforts de lutte très mitigés.
Selon Aboudrar, l’Instance a reçu durant cet exercice, environ 3096 plaintes qui concernent pour la plupart, des infractions administratives, des irrégularités et de manque de transparence en matière de gestion et des marchés publics.
D’après le rapport de l’ICPC, la moitié des plaintes déposées en 2013, concernent les administrations relevant du département de la Justice en tête avec 42 plaintes, suivi du ministère de l’Intérieur avec 35 plaintes. Les services sous tutelle du département de l’Economie et des finances viennent en troisième position (10 plaintes), suivi par la sûreté nationale (5 plaintes).
Mais ce qui inquiète le plus le patron de l’ICPC, c’est le nombre des affaires de corruption qui au lieu de régresser, est passé de 2.312 cas en 2002 à 6.812 en 2012 avec un pic record de 8.342 crimes et délits en 2010. L’indice de perception de la corruption (IPC) au Maroc, a augmenté de 3% lors ces dernières années.
Abdesslam Aboudrar, dont le mandat de six ans arrive à échéance le 20 août prochain, se prépare à fermer boutique pour céder le flambeau à une nouvelle instance en phase de création.
Il s’agit de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption qui remplacera bientôt l’ICPC comme le prévoit la Constitution de 2011. La nouvelle instance n’attend que l’adoption du projet de loi portant sa création par le conseil de gouvernement et ensuite par le parlement, pour entrer en action.
Selon Abdeslam Aboudrar, la nouvelle instance aura une plus grande autonomie et des pouvoirs élargis ainsi qu’un budget à la mesure des défis qu’elle va devoir relever. Tous les espoirs sont donc fondés sur cette instance pour faire avancer les choses, sachant d’avance, qu’elle va devoir travailler sur un champ miné et plein d’embuches.