Les déclarations imprudentes du Chef du Gouvernement sur le rôle de la femme qu’il préfère voir retourner au foyer n’en finissent pas de susciter désapprobation et incompréhension.
L’incompréhension est exprimée par un grand nombre d’ONG de défense des droits humains, d’associations féminines et d’organisations de la société civile. Toutes s’expliquent mal comment le chef du gouvernement en arrive à ce point à proférer des propos « dévalorisants envers la femme », et ignorant la réalité sociale du Maroc de 2014. De fait, les statistiques et la réalité quotidienne confirment que la femme est aujourd’hui présente dans tous les domaines publics et à tous les niveaux. Cela va de l’enseignement, la santé, la justice, au secteur privé où les usines de textile, l’agroalimentaire, les banques, les assurances… ne sauraient tourner sans une main-d’œuvre et un encadrement féminin aussi nécessaires qu’efficaces.
Si Benkirane en sa qualité de chef du parti islamiste du PJD avait l’habitude du discours volontairement populiste, beaucoup s’interrogent aujourd’hui qu’il est chef de l’exécutif, sur le bien-fondé de ses déclarations inquiétantes. D’autant plus que les propos empruntent volontiers au Macherk arabe un discours ultraconservateur et totalement en décalage avec la réalité marocaine. Les autorités ont certes interdit le sit-in de protestation auquel a appelé, ce mardi devant le Parlement, la Coalition civile pour l’application de l’article 19 de la Constitution. De leur côté, des responsables du PJD tentent de tempérer les propos controversés de Benkirane. Mais la colère demeure intacte et l’indignation à son comble.
La Coalition met les dérives verbales du Chef du gouvernement sur le compte d’une campagne électorale avant terme, qui ne s’annonce pas facile pour le parti islamiste. D’où le recours à tous les procédés populistes, y compris la culpabilisation des femmes. Le collectif dénonce la tentative de Benkirane et de son parti de « faire des femmes marocaines les boucs émissaires de cette étape, afin de camoufler le très maigre bilan de leur mandat en matière économique, politique et sociale », selon le communiqué de la Coalition. De fait, une large partie de l’opinion publique ne comprend pas pourquoi Benkirane joue à ouvrir la boîte de Pandore que d’autres pays arabes trouvent le plus grand mal à refermer.