L’opération de régularisation des étrangers entrés illégalement au Maroc se poursuit lentement mais sûrement. En l’espace de six mois, 3.000 personnes ont obtenu un titre de séjour alors que des milliers d’autres attendent.
Les bénéficiaires du précieux document représentent 20% seulement des demandeurs, ce qui reste en deçà du souhait des quelque 13.000 autres migrants qui ont introduit des demandes dans ce sens. La lenteur de la délivrance de titres de séjour est certainement à mettre en relation avec la nature même de l’opération de régularisation. Celle-ci, lancée en début d’année à l’initiative du roi Mohammed VI, est animée par des considérations d’ordre humanitaire et de solidarité avec les clandestins. Elle est donc limitée dans le temps et concerne des catégories de migrants qui répondent à des critères bien définis. Des exigences auxquelles sont loin de répondre tous les demandeurs, alors que le nombre de clandestins présents actuellement au Maroc se chiffre à 40.000, voire plus. La quasi-totalité des demandes de régularisation est accaparée par 15 nationalités, essentiellement les Sénégalais, les Nigériens et les Ivoiriens.
Les demandeurs dont les dossiers auront été rejetés pourront toutefois se pourvoir auprès de la Commission nationale de recours. L’installation de cette instance a été faite, vendredi à Rabat, par Charki Draiss, le ministre délégué à l’intérieur. Placée sous l’autorité du CNDH, cette Commission nationale est chargée de la révision des dossiers préalablement soumis aux commissions provinciales de régularisation. Le recours devrait être effectué conformément aux dispositions de la Constitution, des critères du droit international des droits de l’Homme et des considérations humanitaires.
Rupert Joy l’ambassadeur de l’Union européenne à Rabat, a salué la création de cette Commission de recours. « Je tiens à saluer ces dernières initiatives prises par le Maroc pour mettre en œuvre et opérationnaliser sa nouvelle politique migratoire. Ces initiatives sont à la fois encourageantes et responsables», a insisté le diplomate européen dans une déclaration à la presse. De fait, parallèlement à l’opération de régularisation, la politique d’insertion des migrants régularisés et des demandeurs d’asile reconnus comme réfugiés est en cours d’opérationnalisation. Les différents départements concernés sont à pied d’œuvre pour concrétiser les objectifs d’insertion des migrants régularisés que ce soit dans les écoles, les centres de formation, les hôpitaux, etc.