C’est connu, le Maroc fait face à une pression migratoire intenable. Pris en tenaille entre la poussée des migrants subsahariens arrivés de ses frontières Sud et Est, le Maroc subit aussi, au Nord, le poids des renvois musclés de clandestins par l’Espagne. Cela a été confirmé par Human Rights Watch qui a vivement dénoncé les pratiques espagnoles.
L’organisation internationale a épinglé les autorités ibériques pour les violences de la Guardia civil et les « expulsions illégales » de migrants clandestins vers le Maroc. Cette vive réprobation a été adressée par HRW à Madrid après la multiplication des renvois de clandestins subsahariens qui tentent de forcer les clôtures grillagées de Sebta et Melillia, les deux villes occupées par l’Espagne dans le Nord du Maroc. HRW a mis en ligne une vidéo datant du 13 août qui montre des agents de la Garde civile espagnole violenter des subsahariens au moment où ils étaient bloqués dans la triple clôture dressée sur plusieurs mètres de haut.
Le « gouvernement et les autorités locales de Melillia doivent cesser les expulsions illégales et prendre les mesures contre tout agent de la Guardia civil qui utiliserait excessivement la force contre les migrants », s’est indigné Benjamin Ward, directeur adjoint de HRW pour l’Europe et l’Asie centrale. « Le droit de l’Espagne à la protection de ses frontières ne lui donne pas carte blanche pour perpétrer des abus à l’encontre des migrants ». Pour Benjamin Ward, les autorités ibériques doivent ouvrir une enquête et « traduire les responsables en justice ».
Ce n’est pas la première fois que l’Espagne est mise au pilori par les ONG internationales. En février dernier, le gouvernement de Madrid avait dû s’expliquer sur l’usage excessif de matériel antiémeute contre des clandestins subsahariens alors qu’ils étaient dans l’eau, provoquant la mort de 13 d’entre eux.