Le malentendu que connaissent actuellement les rapports franco-marocains me rappelle cet extrait de l’article publié en juillet 1932 par la revue Al Maghreb dans son n°1 sous le titre ‘’les aspirations du Maghreb ’’ : « le protectorat est pour nous une tutelle. Il doit avoir une fin et nous pensons au jour où nous pourrons diriger nous-mêmes nos affaires où le lien de sujétion entre le Maroc et France ferait place à un lien d’amitié et de reconnaissance. Est-ce un crime ? ».
Il y a plus de trois siècles, par la voix d’un de ses grands souverains, Moulay Smaïl a rappelé à la France, pays ami, son ardent désir de renforcer ses relations dans un respect mutuel entre les deux nations. Dans une lettre adressée par ce Sultan au roi Louis XIV le 14 décembre 1682, Moulay Smaïl écrivait : « les grandes âmes seules connaissent le mérite des grandes âmes et ceux qui ne possèdent cette véritable grandeur ne connaissent ce qui est dû à cette grandeur ». Dans la même ligne son descendant le roi Mohammed VI l’a rappelé dans son discours à l’Elysée à l’occasion de sa première visite officielle en France le 20 mars 2000 : « nous devons désormais nous atteler à identifier et à rationaliser un autre espace bilatéral pour donner à nos relations une autre profondeur et d’autres règles du jeu. Nous avons aussi à établir ensemble des critères d’appréciation des risques mutuels que nous aurons à prendre qui soient en meilleur adéquation avec la réalité du Maroc d’aujourd’hui et en meilleur cohérence avec les objectifs que nous devons fixer pour l’avenir »
Des siècles de relations et d’amitiés entre la France et le Maroc n’ont pas distendu les inévitables froissements entre les deux états. En recouvrant la plénitude de sa souveraineté, le Maroc réapparait sous son vrai visage et redevient ce qu’il a toujours été alors qu’il a souffert d’atteintes à ses constantes sacrées préméditées par des irresponsables de la colonisation. Contrairement à d’autres, le Maroc n’a pas tenu rancune ni exigé d’excuses. Il est resté l’allié inconditionnel de la France à laquelle le lit des impondérables qui sont l’aboutissement et le reflet d’une longue vie commune. L’occupation disparue, l’amitié est restée cimentée par des intérêts communs politiques, stratégiques, économiques et culturels. La viabilité d’une telle association demeure fonction d’un certain état d’esprit et de vouloir donner un caractère éternel à cette association fondée sur le respect mutuel.
Le Maroc a toujours lutté et condamné le terrorisme qu’il a lui aussi sauvagement subi. Les marocains exigent à ce que l’unité spirituelle et temporelle de leur pays soient sauvegardées. La constitution marocaine stipule que l’Islam est la religion de l’Etat et que le roi est le commandeur des croyants descendant du prophète Sidna Mohammed. L’ensemble de la société marocaine est profondément choquée chaque fois qu’il s’agit d’une offense contre les symboles religieux qui incitent à la haine.
Contrairement à certains pays qui connaissent un marasme malgré le fait qu’ils disposent de ressources importantes, le Maroc a mis le cap vers son développement, il ne peut pas nier l’important rôle que joue dans ce domaine la coopération française. Les marocains n’oublierons jamais que de nombreux intellectuels et cadres français les ont éclairés par leurs savoirs et ont jeté les jalons du Maroc moderne.
Conséquence d’un prolongement naturel, les relations franco-marocaines reposent sur de profondes affinités historiques qu’aucune manœuvre fallacieuse ne pourra altérer.