Moscou évalue la possibilité de répliquer à son éventuelle déconnexion de l’Internet mondial, qu’il s’agisse d’une initiative défensive décidée par la Russie ou d’une mesure imposée de l’extérieur, rapporte mercredi le journal russe Kommersant.
Selon le média russe, cela ferait plusieurs mois que le Kremlin et des sites russes s’entraînent à couper leur réseau de télécommunication de l’Internet mondial. L’opérateur russe Rostelecom a été chargé de dessiner les contours du plan de déconnexion de la Russie.
Des exercices de cybersécurité, effectués avec des banques nationales, des opérateurs télécoms ainsi que les plus grandes sociétés Internet, ont été effectués dans ce sens pour mesurer la fiabilité du réseau russe et sa capacité à fonctionner de façon autonome.
Le vice-Premier ministre russe, Dmitri Chernychenko assure que le nombre de cyberattaques dans le pays a augmenté de 80% en 2022 et que, «si l’année dernière le secteur financier était la principale cible, cette année, c’est le secteur public qui est visé».
Face aux sanctions accrues des pays occidentaux et la multiplication des cyberattaques, les autorités russes ont pris les devants dès le mois de mars pour protéger les sites d’Etat de telles attaques.
Tous les sites Web, notamment ceux des services publics, ont ainsi dû suivre plusieurs prérogatives, comme passer au nom de domaine russe, abandonner les hébergements à l’étranger ou encore renforcer leur politique des mots de passe.
Un des experts de Rostelecom a expliqué à Kommersant que « si la Russie est coupée des points d’échanges européens, elle redirigera le trafic Internet vers l’Asie ». Plusieurs fois évoqué par Vladimir Poutine, le projet d’un Internet « souverain » a été éclipsé ces derniers mois par des restrictions d’accès à certains sites (Twitter et Instagram, notamment).
Mais certains experts redoutent que l’accentuation de l’isolement numérique de la Russe, avec une déconnexion Internet du réseau russe, n’entraine de lourdes répercussions sur la vie privée de la population russe, avec notamment un contrôle accru des autorités sur leurs données personnelles et leurs libertés individuelles.
Cette déconnexion devrait aussi avoir des conséquences qui dépasseraient les frontières de la Russie. En effet, les experts soulignent que « le trafic du Kazakhstan et de certaines parties des pays asiatiques passe par la Fédération de Russie », des pays qui devraient donc aussi être impactés.